Ys 1 & 2 (1986/1987), version Chronicles+ (2013) – L’Action-JRPG rock’n’roll et méconnu

Si je vous parle de jeu de rôles à la japonaise, ou JRPG pour les intimes, il est probable que vous me citiez des séries-phares mélangeant histoire dramatique, scénarios tentaculaires et combats au tour par tour à la Final Fantasy ou Dragon Quest. Si je suis plus précis et que je vous parle de JRPG d’action, vous me citerez sûrement la série des Tales of. Et pourtant, à la fin des années 80, le JRPG d’action avait à sa tête un certain Falcom ou Nihon Falcom, avec des séries pionnières, dont une d’elle s’intitule Ys. Plus de trente ans après, la série continue son bonhomme de chemin, avec un neuvième épisode paru en 2019 sur PC et consoles, sans avoir pourtant le succès des autres JRPG. Je vous propose donc de retourner dans les années 80 pour parler des deux premiers Ys, pionniers du action-JRPG, par le truchement d’une compilation remasterisée des deux premiers opus paru en 2009 au Japon et en 2013 ailleurs, j’ai nommé Ys 1 & 2 Chronicles+.

 

 

Action-JRPG

 

Si le jeu de rôles sur ordinateur est aussi vieux que les productions textuelles nombreuses des années 70, les RPG à l’occidentale des années 80 sont définis par des séries comme Might & Magic ou encore Bard’s Tale, comme nous l’avons vu dans la vidéo sur Heroes of Might & Magic. Le Japon est quant à lui à l’époque un marché florissant qui commence à essaimer notamment derrière Nintendo. C’est dans ces années que le RPG à la japonaise commence à voir le jour. On connait évidemment deux séries qui marquent encore aujourd’hui le paysage vidéoludique, à savoir Dragon Quest (1986) d’Enix et Final Fantasy (1987) de Square, avec du combat au tour par tour. On trouve également l’essor des systèmes de combat en temps réel : on pense à Tower of Druaga (1984) de Namco, Hydlide (1984) de T&E Soft, qui préfigure un certain Legend of Zelda, mais aussi des jeux de Nihon Falcom. Ces derniers font ainsi paraitre Dragon Slayer (1984) et 2 (1985), ce dernier ayant eu un certain succès, avant de faire paraitre Ys I : Ancient Ys Vanished (1987) et la suite The Final Chapter (1988). Les deux softs ont eu de nombreux ports, avec une version Complete (2001), une version Chronicles (2009) et la version Chronicles+ (2013), profitant de graphismes et d’une bande-son remaniée.

 

Action Chabal

 

Contrairement à son collègue d’action-aventure Legend of Zelda (1986), qui nous propose de taper des mobs en appuyant sur une touche pour trancher, les deux premiers Ys proposent un système de combat rappelant le plaquage au rugby façon Sébastien Chabal : vous foncez tête baissée sur les ennemis pour leur infliger des dégâts. La petite subtilité est que si vous foncez dessus en face-à-face, vous prenez des dégâts en retour. Il faut donc prendre les adversaires de biais ou de côté pour les étourdir et les enchainer de coups sans prendre de dégâts. C’est ce que Falcom appelle le « bump » system. C’est simple, c’est efficace, et avec la version Chronicles Plus, on voit l’ennemi exploser en morceaux avec son armure et son arme, renforçant la satisfaction visuelle du joueur. Ys 2 rajoute à cela un système de magie plutôt simpliste, permettant de spammer des boules de feu ou d’avoir différents sorts utilitaires. Gare à vous néanmoins si vous n’avez pas les bonnes armes et les bons niveaux, car les ennemis pouront tout simplement vous résister ou mettre mille coups à mourir. Dans les deux opus, on retrouve également des boss, qui relèvent la difficulté d’un cran, avec leurs dynamique, et le même défaut que pour les mobs si vous n’avez pas ce qu’il fait. Il faut ainsi savoir dans le premier Ys que le boss de fin ne peut être vaincu que par l’arme en argent, alors que celle-ci fait moins de dégâts que l’arme ultime trouvée dans le dernier donjon.

 

Petit monde et grands donjons

 

Le monde des deux Ys est assez limité en taille : on oublie l’immensité d’un Final Fantasy, le premier Ys s’occupe d’avoir deux villages, un espace commun et trois donjons. Le deuxième varie un peu plus les lieux, avec un espace de glace et de lave, et un énorme donjon de fin de jeu qui va impliquer que vous l’écumiez en long, en large et en travers. Les donjons des deux softs ressemblent à de grands labyrinthes, avec de multiples portes et passages pour essayer de trouver les trésors additionnels mais surtout les objets requis pour faire avancer l’histoire voire les armes pour réussi à passer certains boss ou monstres. Ys II abuse encore plus avec des labyrinthes encore plus tentaculaires, et la nécessité de réaliser de nombreux backtracking, assez fatigants à la longue. A chaque fois que vous changez d’espace, les monstres sont bien plus énervés : si vous n’avez à ce moment là pas les dernires armes à la mode ou surtout le on niveau, préparez-vous à des pics de difficultés intenses qui vous pousseront à grinder pour accumuler expérience et argent. Heureusement, le système de combat rapide et le repop des monstres en permanence permettra de faciliter cette prise de niveaux.

 

Destinée d’Ys

 

Dans le premier Ys, l’épéiste aux cheveux rouges Adol arrive sur une mystérieuse terre d’où personne ne peut partir. Une diseuse de vérité lui trouve un destin en lien avec les six livres d’Ys, et nous voilà lâché dans un petit monde mystérieux avec diverses révélations et une pelletée de démons à combattre. Dans Ys II, Adol arrive directement dans le monde flottant d’Ys après le dernier donjon du premier opus, pour lutter contre l’incursion organisée des démons. Si l’histoire est simple, à base de méchants contre des gentils, on trouve quand même plusieurs personnages secondaires récurrents, des interactions régulières avec ceux-ci, et des twists qu’on attend pas toujours, comme la perte d’un personnage-clé. Vous aurez les réponses à toutes vos questions sur le monde à la fin du deuxième opus.

 

Si les graphismes de la version remaniée sont sympas mais un brin générique, c’est surtout la musique qui brille. La musique a au fil des refontes laissé sa place à des riffs endiablés de guitare électrique dans les donjons, face aux boss ou pendant qu’on se balade dans le monde. C’est énergique et glorieux. J’ai aussi trouvé quelques interactions assez bien amenées dans le jeu, comme la possibilité se transformer en démon dans Ys II, permettant de discuter avec les ennemis qu’on défouraille normalement sans réfléchir, permettant d’ailleurs de résoudre quelques énigmes pour avancer dans l’aventure. L’aventure met d’ailleurs très peu de temps : quelques heures pour le premier opus, une dizaine d’heures pour le second surtout à cause des fichus labyrinthes.

 

Mon avis

 

Ys I & II Chronicles Plus est une expérience originale. Le système de combat est plutôt sympa, quoiqu’un brin répétitif à la longue, et la musique rock’n’roll couplée à l’histoire somme toute intéressante avec son lot de révélations nous pousse à continuer l’aventure pour aller au bout, aventure au demeurant assez courte. Malgré tout, il faudra de la patience pour vaincre les labyrinthes insupportables du deuxième opus, mais aussi pour surmonter les pics de difficulté qui imposent de grinder. Bizarrement, on se retrouve aussi parfois sans savoir quoi faire, où aller, ou quel objet utiliser : je pense qu’il s’agit de l’héritage aventure des JRPG de l’époque, parfois un brin cryptique. Je note donc ce jeu Brushing rouge sur épée bien taillée.

 

La série Ys

 

Après ces deux premiers opus, la série a continué les aventures d’Adol dans l’ensemble des softs, sauf un. Ys III : Wanderers From Ys (1989) abandonne le bump system pour l’action en vue de côté, système qui frustrera pas mal de gens. Ys IV est quant à lui confié à deux autres studios qui délivrent chacun leur vision de l’histoire avec The Mask of the Sun et The Dawn of Ys (1993), mais qui en profitent pour revenir au bump system. Ys V : Lost Kefin, Kingdom in Sand (1995) clôt la première phase des jeux Ys, avec un système de combat qui change une nouvelle fois pour proposer de l’action à la Legend of Zelda, en se positionnant autour de l’ennemi pour le taper, ce qui ne sera pas non plus du goût des joueurs.

 

Après une pause méritée, Ys revient avec un nouveau moteur en 3D et un nouveau système d’action qui ne quittera pas la série, à base de sauts, de coups spéciaux divers et d’un dynamisme appréciable. Le Napishtim Engine est initié avec Ys VI : The Ark of Napishtim (2003), suivi par le remake d’Ys III, The Oath in Falgena (2005) et le préquel sans Adol Ys Origin (2006). Le nouveau moteur Seven est initié quant à lui par Ys Seven (2009) et son swap de personnages, suivi par le remake d’Ys IV, Memories of Celceta (2012), avant les coups de boost des graphismes avec Ys VIII : Lacrimosa of Dana (2016) et le tout dernier Ys IX : Monstrum Nox (2019). Cela reste en tous les cas une série de niche : en 2017, la série s’est vendue uniquement à 4,5 millions d’exemplaires, avec un succès plutôt nippon.

 

Conclusion

 

Ys I & II ont fait partie de la mouvance du début de l’action-JRPG, avec un système de combat plutôt unique inclus dans une histoire assez classique menée par d’excellentes musiques de la part de Falcom Sound Team Jdk. C’est donc une belle expérience, et Ys continue à ce jour d’essaimer dans son coin, ravissant les fans de la série. Le marketing reste malgré tout assez confidentiel, surtout face aux concurrents du segment comme Namco Bandai et ses Tales of. A ce jour, on devrait avoir des nouvelles prochaines d’Ys X, et pourquoi pas du remake du seul épisode qui n’en a pas connu à ce jour, à savoir le V.

 

Liste des RPG :

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