Trek to Yomi (2022) – Action Samurai-fantastique

Les Polonais de Flying Wild Hog sont en train de diversifier leur catalogue. Après avoir fait renaitre de ses cendres le FPS orientalisant Shadow Warrior (2013-2022), on les retrouve avec un petit soft japanisant, se bouclant en une poignée d’heures, et se présentant comme un film de samurai en noir et blanc à la Akira Kurosawa, j’ai nommé Trek To Yomi. Le voyage immersif vaut-il le coup, ou bien le gameplay répétitif viendra-t-il à bout des escrimeurs, c’est ce que nous allons voir.

 

 

Flying Wild Hog

 

Nos amis polonais sont habitués des FPS. Fondé en 2009, le studio a commencé par un shooter assez générique, Hard Reset (2011), avant de resusciter le vieux FPS des années 90 Shadow Warrior (2013), en le dépoussiérant et en conservant katana, flingues, démons et humour. Mais c’est surtout Shadow Warrior 2 (2016), avec plus de loot, des niveaux plus ouverts et des armes customisables qui a été un vrai succès. Le troisième opus, paru cette année, a l’air de s’inspirer davantage du reboot de Doom, avec des niveaux plus linéaires, des exécutions répétitives et moins de personnalisation d’armes, et le soft est un peu plus boudé que son prédécesseur. Mais 2022, c’est aussi trois autres jeux : Trek to Yomi évidemment, un top-down shooter coopératif et gratuit à la sauce Borderlands Space Punks, et un futur TPS western-fantastique Evil West. Autant dire que le studio a du travail. Mais revenons à notre Trek to Yomi.

 

Samurai en vue de côté

 

Vous dirigez un jeune samurai du nom d’Hiroki, dans une poignée de chapitres allant de son enfance à l’âge adulte, où vous devez vous battre contre des hordes de bandits sans foi ni loi pour protéger la veuve et l’orphelin, dans un chemin qui vous mènera à Yomi, le monde des morts dans la mythologie shintoïste. Avec en poche un coup léger, un coup lourd, un sprint, une esquive et une touche pour parer les attaques, vous affrontez en ligne droite de cruels bandits ou d’étranges monstres, en réalisant une pelletée d’enchainements que vous débloquez au fur et à mesure de l’aventure, allant d’un enchainement basique à celui qui vous permet d’étourdir une cible pour l’abattre d’un coup. Vous trouverez également quelques armes à distance, en munitions limitées, pour affronter des bandits avec différentes armes, armures, voire des monstres, avec des patterns à comprendre pour mieux les vaincre. En quelques heures, on arrive ainsi plus facilement à faire des parades parfaites, enchainer les combos et abattre les uns après les autres nos adversaires.

 

Mais ce ne serait pas tout sans l’exceptionnelle direction artistique du soft. En noir et blanc, vous vous trouvez à différents angles avec la caméra pour observer Hiroki et ses batailles : la caméra peut-être devant un paravent, à côté d’un toit, à une fenêtre donnant sur la rue… La mise en scène est travaillée comme dans un film, à l’image des Sept Samurai (1954) ou de Yojimbo (1961). De même, les mouvements élégants de lame d’Hiroki et les façons de taillader ses adversaires avec style donnent du cachet à l’ensemble, si on oublie les animations des personnages un peu rigides. Par ailleurs, ce n’est pas simplement un jeu en side-scrolling avec des nuées d’ennemis : on est dans un environnement qui se présente en trois dimensions, avec des passages secrets, des veuves et orphelins à protéger, des objets à ramasser, avec la mise en scène de la dévastation, où vous gardez la lame au milieu de civils blessés, tués ou apeurés, ou alors un monde obscur, froid, étrange, mystique pendant vos pérégrinations dans le monde des morts. La musique, traditionnelle mais rarement joyeuse, les cris des gens, le gong des points de sauvegarde, le son du katana qui fend la chair, les monstres avec une voix saturée, le tout participe au sound design travaillé.

 

Petit trek

 

Malgré toute la mise en scène et la direction artistique, au bout de plusieurs heures, l’enchainement des attaques reste répétitif, avec des nouveaux combos qui restent assez artificiels, et la mise en scène ne sauve pas de la rigidité des personnages et de l’ensemble. Le combat est sympathique et stylé, mais manque de profondeur à moyen terme, participant à la lassitude du joueur : on finit par enchainer les mêmes adversaires avec les deux ou trois mêmes combos qui permettent de les étourdir pour les tuer en un coup, tandis que le jeu se décide plutôt à vous envoyer de plus en plus d’adversaires en même temps que de les varier. Quelques combats de boss permettent de varier l’ensemble, en nous forçant à utiliser davantage nos palettes de coups et nos esquives, mais la ligne droite finit par fatiguer le joueur, même si de toute façon, on n’a pas le temps de se lasser : l’expérience se termine assez vite, au bout d’une poignée d’heures, généralement entre 5 et 6.

 

Conclusion

 

Porté par une excellente direction artistique japanisante, et une histoire viscérale, avec une ambiance prenante et du cadrage maitrisé, Trek to Yomi ne nous emmène pourtant pas assez loin pour son prix de 20 euros : les combats sont stylés mais très répétitifs et peu profonds, et l’expérience reste assez courte. Je note donc son jeu coup de katana stylé sur marre aux canards. On recommandera donc de tester à petit prix ou bien sur le GamePass, qui révèle pour ce genre de jeux son intérêt. En bref, avec une direction solide mais une exécution balbutiante, Trek to Yomi reste tout de même un pas de côté intéressant et créatif du studio polonais. On attend de voir leur quatrième jeu de l’année, Evil West.

 

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