Une certaine idée de la Force – Star Wars : The Old Republic (2011)

Lorsque Bioware ne tombait pas dans les abysses avec un Anthem (2019) peu maitrisé ou un Mass Effect : Andromeda (2017) décevant, le studio canadien était au sommet de son art en 2011. De 2007 à 2012, leur trilogie de jeu de rôle space-opera Mass Effect déchaine les passions avec une histoire et un univers captivants, et un gameplay devenant de plus en plus efficace et nerveux, et deux opus de la série Dragon Age continuent l’immersion fantasy après la lointaine série Baldur’s Gate. C’est à ce moment que Bioware se lance dans un projet ambitieux : retourner à Star Wars après leur premier Knight of the Old Republic (2003) pour proposer rien de moins qu’un jeu de rôle massivement multijoueur en ligne, ou MMORPG, Star Wars : The Old Republic. Si proposer un MMORPG face au mastodonte qu’est World of Warcraft (2004) relève d’une gageure, reste que le soft s’est imposé avec son abonnement mensuel puis son passage en free-to-play avec un milliard de dollars de recettes en 2019 pour un coût développement de 200 millions de dollars. Un beau succès pour un MMO qui repose sur son scénario plutôt que ses mécaniques.

 

 

I. Dans une galaxie lointaine…

 

Star Wars : The Old Republic, que nous appellerons désormais SWTOR, a une grande force : son univers. Comme nous en avons déjà parlé, Star Wars, ce n’est pas seulement trois trilogies, c’est aussi un univers étendu peuplé d’ouvrages et de jeux vidéos. L’intrigue de SWTOR se déroule dans l’univers Légendes, c’est-à-dire l’univers non canon depuis que Disney a repris la main sur la franchise. Nous nous retrouvons plusieurs millénaires avant les événements des trois trilogies, dans une galaxie où s’oppose l’Empire Sith, dirigé par un Empereur qui veut maintenir l’ordre par la force, et la Vieille République, conseillée par l’Ordre Jedi. Une terrible bataille s’est déroulée sur Coruscant, le Temple Jedi a été saccagé, et chaque camp panse ses plaies après une trêve. Trêve qui sera bientôt toute relative. En tant que jeu Star Wars, il fallait donc faire du Star Wars. Et à ce titre, avec les nouvelles extensions parues depuis 2011, vous allez être servis en planètes et en races. Toutes les planètes iconiques ou de la légende sont présentes, avec leur topographie, leurs monstres, leurs quêtes d’exploration, leurs vendeurs, leurs tavernes.

 

Vous retrouverez toutes les races iconiques de l’univers de Star Wars, des trilogies à l’univers étendu. Les graphismes, simples, rendent correctement les différentes ambiances des planètes ou des bâtiments. La mise en scène des dialogues reste malgré tout un peu statique.

 

Jeu Bioware oblige, chaque discussion avec un personnage non-joueur (NPC) se déroule comme une vraie discussion, avec une mise en scène, quoique rudimentaire, des options de dialogue, même si le déroulement global ne sera jamais modifié, et surtout un doublage pour tout le monde. SWTOR a d’ailleurs rempli pour ça une page du Guiness World Records pour le plus grand nombre de lignes doublées par des comédiens dans une œuvre de divertissement, près de 200 000 lignes en 2012. Cela change drastiquement des autres MMO où les NPC sont statiques, non doublés, et délivrent souvent des lignes de texte peu intéressantes. Ici, tout sera bon pour avoir des informations sur le contexte, des lieux, des races, des événements militaires ou politiques. Cela va se lier directement à l’histoire principale. Le pan narratif se divise entre huit profils que nous allons voir juste après pour la première partie de l’aventure, mais continue de s’étendre avec les extensions : Rise of the Hutt Cartel (2013) sur Makeb, Shadow of Revan (2014) sur Rishi et Yavin IV, et surtout les chapitres de Knights of the Fallen Empire (2015) et Knights of the Eternal Throne (2016) qui vous emmènent à la rencontre d’un mystérieux et lointain empire.

 

La roue des dialogues chère à Bioware fait son retour, avec généralement des choix gentils, méchants ou entre les deux. Certains de ces choix donnent des points côté clair ou côté obscur, qui modifieront légèrement le look de votre personnage, et lui permettront d’acheter de l’équipement légendaire spécifique.

 

II. Que la Force soit avec toi

 

Lorsqu’on commence l’aventure, il s’agit avant de tout de choisir une classe parmi huit profils principaux divisés en 16 classes. On compte quatre profils pour l’Empire et quatre pour la République, et chacun de ses profils aura son lot de cinématiques, de personnages secondaires, de compagnons, d’événements, de quêtes, de romances et de mécaniques de gameplay. Vous aurez ainsi en miroir le chevalier Jedi et le guerrier Sith, des guerriers à armure, le consulaire Jedi et l’inquisiteur Sith, des adeptes des pouvoirs de la force plus légers, le contrebandier et le chasseur de primes, des tireurs agiles, et enfin le soldat et l’agent impérial, des guerriers à armes lourdes ou des commandos. Chaque profil est divisé en deux classes, par exemple le guerrier Sith pourra choisir la voie du double sabre ou celle de l’unique sabre, tandis que l’agent impérial deviendra commando ou sniper. Il y a une bonne variété en terme de styles de jeux, de types de compétences, d’équipements et de types d’énergie (rage du Sith, tactique de l’agent impérial, …).

 

On retrouve dans le jeu quatre profils, et huit classes, ainsi qu’une dizaine de races. Celles-ci ne sont pas toutes disponibles : il faudra payer un abonnement ou les débloquer avec de la monnaie du jeu pour certains. Les profils entre la République et l’Empire sont en miroir. Malgré tout, on sent au niveau des coups portés par les sabres laser la différence entre Sith et Jedi, avec des coups brutaux pour les premiers, et des coups élégants pour les seconds.

 

Une fois votre création effectuée, vous arrivez sur votre première planète, quatre différentes en fonction des profils choisis. La première chose qu’on remarque en jeu est que malgré le statut de MMO de début des années 2010, les graphismes sont corrects. Mieux, les musiques d’ambiance symphoniques sont bien réalisées, et surtout communiquent habilement avec les graphismes pour créer une ambiance exceptionnelle : les fans de l’univers de Star Wars seront ainsi aux anges face à la musique triomphante devant le Sénat de Coruscant au milieu d’une fausse circulation de voitures volantes, et ils le seront également dans les ruines d’un temple jedi, ou sur les différentes planètes qui composent le soft, des plus connues comme Hoth aux moins connues. Chaque planète se rejoint après une cinématique, se divise en zones joignables par speeders à moins que vous ne vous rameniez votre propre monture, avec son lot de quêtes principales, mais aussi de quêtes secondaires, de quêtes d’exploration ou de quêtes héroïques à faire à plusieurs. La plupart du temps, ces quêtes aux objectifs basiques restent mises en scène avec quelques cinématiques de dialogue et sont rarement mal écrites.

 

Les environnements peuvent être extrêmement sympathiques à parcourir grâce à votre monture, ici un speeder rudimentaire… s’il ne fallait pas tout le temps aller d’un point A à un point B. Vous avez différentes options pour vous téléporter facilement, notamment un sort de départ avec quelques minutes pour se régénérer si vous avez payé l’abonnement. Les déplacements formeront tout de même l’essentiel d’une session.

 

III. La colère mène au côté obscur

 

Jusqu’ici, nous avons vu des aspects plutôt positifs du jeu. Et pourtant, le MMO de Bioware fait face à un véritable problème : son gameplay. Face à des MMO qui ont tâché de rendre les combats moins pénibles, à l’image des systèmes plus dynamiques à la Tera : Rising (2011) ou Black Desert Online (2014), SWTOR se place bien plus dans lignée des combats par barre des tâches à la World of Warcraft ou Final Fantasy XIV (2010). Le principe est de mettre vos différentes compétences dans une barre, et d’activer par clic ou raccourcis clavier les différentes compétences, dans le meilleur ordre possible : charge, frappe qui étourdit, frappe qui donne de l’énergie, décharge d’énergie, coup incapacitant, etc. Il y a autant de possibilités qu’il y a de classes, elles-mêmes divisées en trois voies qui donnes de nouvelles compétences actives ou passives. Du même coup, le combat est sympathique à petite dose, grâce aux animations réussies, mais extrêmement répétitif. Or, le monde est peuplé d’adversaires et de groupes d’ennemis. On en viendrait à souhaiter à avoir comme dans les gacha ou jeux incrémentaux des touches pour automatiser les petits combats. Reste que lorsque l’aventure revient sur son rail, notamment à travers les missions principales, les combats prennent davantage d’intensité avec des musiques adaptées. Cela ne compense malheureusement pas entièrement la nuée de petits combats.

 

Pour les combats, on enchaine les compétences avec les raccourcis clavier ou par clics qu’on aura disposé dans les barres de tâches que vous voyez à l’écran, certaines ont besoin d’un temps pour être disponibles à nouveau, et vos barres de tâches seront très rapidement remplies de différents coups et capacités. Malgré les visuels attrayants, surtout pour les combats au sabre, ceux-ci restent rigides, et surtout extrêmement répétifs vu le nombre d’ennemis présents sur votre chemin dans votre exploration. Refaire en boucle les mêmes ensembles de boutons pour en venir à bout ne rend pas l’expérience agréable, et vous passerez votre temps à tâcher d’éviter ces combats. Les combats plus scénarisés restent un peu plus sympathiques.

 

Quelques mots enfin sur le modèle économique : le jeu est aujourd’hui disponible en version free-to-play, avec quelques limitations sur le nombre de personnages, sur le sprint, sur le niveau où vous avez le droit d’avoir une monture, et des tas d’autres petites limitations sur l’équipement ou encore les sommes totales transportées. La version abonnement à 13 euros par mois lève toutes ces limitations avec quelques récompenses et bonus, et la possibilité de créer des personnages à haut niveau pour profiter des trois dernières extensions. Une boutique permet également de débloquer des armures et différents cosmétiques. A ce titre, mon conseil serait d’investir quelques mois, de finir l’aventure principale des huit profils, faire le nouveau contenu, et ainsi profiter de la force de ce MMO : sa narration. Certaines extensions ont aussi rajouté diverses mécaniques : des combats spatiaux plutôt dispensables, la possibilité d’avoir ses appartements et un mobilier adapté, ou encore un système de legacy partagé entre tous les personnages pour débloquer divers bonus.

 

Si vous aimez les MMO, vous ne serez pas effrayés par toutes les compétences, et toutes les options de personnalisation de votre personnage dans une des trois voies proposées par classe. De même, le soft dispose de beaucoup de mécaniques usuelles : création facilitée de groupes, téléportation pour des instances, combats joueur contre joueur. Cela reste malgré tout du déjà vu.

 

Conclusion

 

Quand vous faites le jeu pour son univers et sa narration, SWTOR s’impose comme un excellent titre, bourré de références, et plutôt bien écrit, avec des histoires intéressantes à suivre. Quand vous passez par le gameplay, tout cela est plus contrasté : les grandes distances à parcourir à pied ou par monture, les innombrables groupes d’ennemis, la difficulté inexistante du titre grâce à des compagnons qui soignent plus vite que vous ne prenez des dégâts et le côté répétitif des combats nous poussent à nous demander si le jeu n’aurait pas pu tout simplement être un excellent jeu solo plutôt que de s’essayer au gigantisme du MMORPG. Quoi qu’il en soit, au-delà de ça, le soft a suffisamment de contenu pour vous occuper pendant vos histoires, avec des tas de systèmes que nous n’avons pu qu’esquisser : métiers de récolte ou de craft, points de côté clair ou obscur pour infléchir (un tantinet) l’histoire et récupérer des armures spécifiques, les lieux de transit par les flottes, et j’en passe. A réserver aux fans de l’univers Star Wars.

 

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