Belmondo dans l’espace – Space Adventures Cobra (1982-1983)

Cobra, Space Cobra ou Cobra Space Adventures est un manga de science-fiction publié par Buichi Terasawa entre 1978 et 1984. Son héros, inspiré d’après son auteur de Jean-Paul Belmondo, l’acteur français, est un corsaire détesté par tous les bandits appartenant aux Pirates de l’espace, qui trace son chemin à travers la galaxie en quête d’aventures et de jolies filles, avec notamment comme fantastique arme intégrée à son bras le psychogun. Tout ça sent bon le space-opera, dont je vais vous reparler juste après. Néanmoins, le résumé simpliste masque les thèmes sérieux et surtout l’univers froid et cruel dans lequel évolue ce boute-en-train aventurier.

 


L’aventure commence !

 

Un premier film d’animation sort en 1982, suivi par une série télévisée, sur laquelle nous allons revenir en détail, entre 1982 et 1983 et en 31 épisodes. Notons qu’une nouvelle série voit le jour à la fin des années 2000. C’est TMS Entertainment qui est responsable de l’animation, après avoir animé d’autres très bonnes séries, comme par exemple Rémi sans famille (1977-1978), Lady Oscar (1979-1980) ou encore Ulysse 31 (1981-1982), et qu’on connaît aujourd’hui surtout pour Detective Conan (1996-aujourd’hui).

 

I. Space-opera, sans musique

 

Le genre du space-opera caractérise une œuvre de science-fiction dans laquelle on retrouve une intrigue tentaculaire et épique se déroulant dans l’espace. Sans vouloir faire l’histoire du genre en remontant à l’origine du terme, négatif, dans les années 40, avant qu’il ne serve à désigner un vrai sous-genre de la science-fiction, le terme a été porté notamment par le roman Dune (1965), la série télévisée Doctor Who (1963-1989), Star Trek (1966-1969) ou Battlestar Galactica (1978-1979), ainsi que la première trilogie filmique Star Wars (1977-1983).

 


La science-fiction de Cobra, avec une esthétique souvent sombre.

 

Au Japon aussi le genre se développe dans des mangas-précurseurs, comme ceux de Leiji Matsumoto avec Albator (1969, 1978) et Galaxy Express 999 (1977), ou encore Cobra (1978) par Buichi Terasawa. Ce courant va profondément irriguer l’animation japonaise : Yamato (1974-1975), Capitaine Flame et Albator (1978-1979), Cobra (1982-1983), Legend of the Galactic Heroes (1982-1987), sans oublier les séries comptant des méchas, ces robots géants de l’espace, avec Goldorak (1975-1977) ou encore Mobile Suit Gundam (1979-1980). Le très connu Cowboy Bebop (1998) a même redonné un coup de fouet à ce genre qui essaime encore largement aujourd’hui, avec les nombreuses réadaptations des vieilles séries et une poignée de nouvelles.

 

II. Cobra, ton univers impitoyable

 

Un modeste et pauvre travailleur de bureau se rend compte qu’il est Cobra, un corsaire redoutable et redouté des bandits, qui a dû effacer sa mémoire et changer d’apparence pour échapper à leurs griffes. Boute-en-train et beau parleur, il se redécouvre à travers divers voyages et arcs narratifs dans la galaxie, souvent sur les traces des pirates qui corrompent les gouvernements et les sociétés, pillent et tuent, et réalisent divers trafics d’esclaves ou de drogue. L’univers que nous propose l’animé est loin du caractère de son héros, et c’est ce décalage entre les deux qui fait le charme de cette série.

 


Crystal Boy en version original, un robot psychopathe créé dans un verre incassable, un des méchants les plus caractéristiques de la série.

 

Si le charmeur et costaud Cobra fait souvent le fanfaron, cela détonne lorsqu’il doit abattre ceux qui veulent sa mort pour avoir fouiné un peu trop loin, et l’animé ne vous fera pas de cadeaux sur le sort des pauvres hères abattus par l’un ou l’autre camp. Surtout, l’univers fourmille de vie et de créatures étranges, fruits de l’imagination débordante de l’auteur, rendant avec sa diversité une certaine cohérence. Les arcs narratifs du début et de la fin de la série sont d’ailleurs assez sombres, des trois sœurs pourchassées pour une carte au trésor jusqu’au rugball, un sport dans lequel s’embarque Cobra pour dévoiler l’activité d’un pirate, et qui n’est rien d’autre qu’un jeu de rugby où on peut tuer son adversaire.

 


La mort n’est jamais loin dans la série.

 

III. Charisme spatial

 

Même si Cobra est secondé par sa compagne robotique Armanoïde, et par une poignée de personnages secondaires souvent attachants, particulièrement dans les premiers et derniers épisodes, c’est bien lui qui fait le show. Le côté Belmondo vu par l’auteur du manga transparaît dans sa nonchalance affichée, ses traits d’esprit, sa maladresse affichée, son sérieux quand il faut, exactement comme les personnages qu’a pu souvent camper l’acteur français, en tout cas pour ce qu’en a vu Buichi Terasawa.

 


Cobra aime se mettre en valeur, même quand il est le corsaire le plus recherché de la galaxie.

 

Avec son cigare au bec presque jamais allumé, ses talents de pianiste-informaticien, et son psychogun au bras, prêt à défendre la veuve et l’orphelin, et surtout la veuve, il n’est pas non plus un enfant de cœur. Il suffit de voir avec quel aplomb et sérieux il est capable d’éliminer des adversaires et d’appliquer la loi du talion, sans oublier ses inévitables piques. Il porte en tout cas à bout de bras robotique l’entièreté de l’aventure, et on finit par s’habituer à son côté maladroit redresseur de torts.

 


Le psychogun, ou rayon delta dans la version française, l’arme ultime… Sans compter le cigare éteint.

 

Conclusion

 

Dans ce style graphique des années 80, qui est réussi presque sans aucun reproche, et avec sa musique digne des vieilles bonnes productions, mélange entre l’épique, le triste ou le funky, il est facile d’être happé dans ce bijou de l’animation japonaise qui dénote par son protagoniste principal et l’univers dans lequel il est immergé. La série est d’ailleurs disponible dans une très bonne VF, c’est rare pour l’époque comme chacun le sait, sur YouTube, ce qui vous permet de vous faire encore plus facilement un avis.

 

Le générique japonais dans toute sa splendeur jazzie :

 

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