Sifu (2022) – Du Kung-fu à la retraite

Après l’atypique jeu de combat multijoueur Absolver (2017), les Français de Sloclap remettent le couvert des arts martiaux avec Sifu (2022), une quête de vengeance mêlant beat’em up et kung fu. Etant tombé amoureux du système de combat, je ne pouvais pas ne pas tester le soft. Voyons donc voir qui sera le maitre, ou en chinois Sifu.

 

 

Baston française

 

Pour comprendre Sifu, il faut s’intéresser à la précédente production du studio, Absolver, qui propose en quelques touches un système de combat dynamique, qui permet aux joueurs d’établir un set de mouvements pour affronter des IA ou des joueurs, puis d’en rechercher de nouveaux, dans une ambiance particulière bien maitrisée, mêlant mystère et couleurs. Le soft est loué pour son style certain. C’est avec ces bases que se construit Sifu, qui lorgne plutôt du côté des films de kung-fu et qui abandonne l’expérience multijoueur et la construction de coups pour proposer une expérience solo où l’on débloquera au fur et à mesure une plus large palette de coups. Pareillement que son prédécesseur, le style graphique est somptueux, avec des décors variés, un jeu de lumières réussi et un aspect cartoon portée par un système de combat plus stylé que jamais, où l’on sent le poids des coups qu’on porte ou que l’on reçoit.

 

Vengeance !

 

Vous jouez une ou un rescapé d’une razzia sur différentes écoles de combat, en survivant juste ce qu’il faut pour vous retrouver avec un talisman légendaire à 20 ans à chercher un par un les responsables de la mort de votre père pour le venger. Ces cinq personnages se trouvent dans des endroits allant d’un repaire de camés à un immeuble de bureau en passant par un musée d’art. Sur votre chemin, vous allez trouver un certain nombre de sbires, certains sont armés, d’autres sont des sbires d’élite reconnaissables avec des palettes de coups spécifique comme le garde corpulent ou l’agile agente. Vous pouvez parer, esquiver, frapper, réaliser des combos, projeter sur le décor, mettre à terre, utiliser des armes, ou utiliser votre focus qui ralentit le temps et permet d’utiliser un coup spécial comme une mise à terre automatique. Si vous parez et esquivez suffisamment, avec un bon sens du timing, la posture de votre adversaire diminuera et une fois suffisamment basse, vous pourrez réaliser un coup spécial permettant de l’abattre d’un seul coup, peu importe ce qu’il lui reste de vie, à l’exception des super-sbires qui s’activeront à ce moment-là.

 

C’est dynamique, c’est stylé, ça s’apprend vite, et on a l’opportunité avec l’expérience acquise de débloquer de nouveaux coups. La courbe de progression reste par contre redoutable : les coups ennemis font de gros dégâts, on est vite submergés et si on ne sait pas utiliser les déplacements, esquives, parades et types de coups divers pour garder de la distance, on se retrouve facilement par terre.

 

Vieillesse et roguelite

 

Quand vous perdez toute votre vie, ce n’est pas fini. Votre talisman prend un point, et vous vous relevez, cette fois à l’âge de 21 ans. Si vous remourez, votre compteur passe à deux, et vous vous relèverez à 23 ans. Quand vous passez la barre des 20, 40, 50, 60 et 70 ans, vous augmentez vos dégâts mais vous diminuez votre vie. Au-delà de 70 ans, vous êtes définitivement morts. Vaincre des ennemis spéciaux permet de réduire votre compteur, vous permettant de prendre un peu moins d’années à chaque mort. Vous commencez ainsi le premier niveau à 20 ans et devez tâcher d’arriver au boss final avant 70 ans, et ce n’est au départ pas une mince affaire. On trouve généralement sa fin au deuxième niveau. Vous pouvez rejouer chaque niveau avec le dernier âge auquel vous l’avez atteint. Si vous arrivez à 30 ans au quatrième niveau, vous pourrez le refaire autant de fois que vous voulez en recommençant à 30 ans. Pour réinitialiser votre progression par contre, il faudra refaire chaque niveau en commençant par le premier, pour par exemple arriver cette fois au quatrième niveau à 25 ans.

 

A intervalles réguliers, vous trouvez des autels pour vous ajouter des bonus en fonction de votre âge, de votre score de niveau ou de votre expérience, qui vont rester dans le run en cours, mais se réinitialiseront si vous recommencez le premier niveau. De même, les coups que vous débloquez avec votre expérience à chaque inter-niveaux ou à chaque mort seront réinitialisés si vous recommencez à partir du premier niveau, à moins que vous ne les débloquiez de manière permanente : pour ce faire, il faudra acheter la même compétence cinq fois, que ce soit dans le même run ou dans des runs différents. En tous les cas, en recommençant les niveaux voire la progression complète, on apprend de plus en plus les patterns, et on finit par franchir de plus en plus facilement les différents sbires, sans prendre autant de dégâts qu’auparavant. Les boss sont une autre paire de manches.

 

Master du kung fu

 

Avec huit heures de jeu, on peut arriver si tout va bien au dernier boss du jeu, mais rarement bien au point, la faute à des boss de moins en moins évident, qui vont transfigurer le système de combat encore davantage que les élites ou les super-sbires, avec des coups imparables, des enchainements difficiles à contrer, l’utilisation d’armes particulièrement celles à distance des deux boss féminins, tout ça pour arriver au dernier boss, qui vous attaque sans relâche et n’autorise aucune utilisation de focus, et qu’il faudra apprendre à esquiver et parer avec des timings plus que serrés. C’est dans ces moments que Sifu révèle aussi l’aspect frustrant. Le moindre faux-pas est durement puni, et certains boss ont des patterns plutôt difficiles à analyser, pendant que vos âges défilent. D’autant qu’il faut franchir des niveaux entiers pour les atteindre. Fort heureusement, si vous explorez un peu, vous pouvez trouver divers objets dans les différents niveaux qui permettent de débloquer des raccourcis, et qui sont conservés dans vos différents runs, permettant de skipper entre 50 et 100% des niveaux, de manière parfois assez élégante, preuve d’un level design assez maitrisé. On transforme alors Sifu en boss rush. Mieux, il est possible d’épargner chacun des boss si vous êtes prêts à passer un peu plus de temps sur chacun d’eux, pour débloquer une meilleure fin, bien plus philosophique que celle un peu trop évident de vengeance aveugle.

 

Mon avis

 

Doté d’une ambiance visuelle et sonore soignée, ne se perdant dans aucun tutoriel divers et varié, Sifu plonge directement le joueur dans une valse mortelle de kung fu, où le joueur enchaine avec style et panache des légions de sbires, pour progresser et affronter des boss bien plus retors. Reste que les patterns des boss sont parfois peu évidents, que les combats de groupe ressemblent souvent à des foires d’empoigne et que la caméra a parfois un peu de mal, mais cela n’enlève rien aux qualités du jeu, qui mixe le fighting game et le beat’em up avec une justesse certaine, mais qui se révélera surtout à ceux qui ont un peu d’expérience dans les jeux d’action pour pouvoir gérer des patterns et des timings assez serrés. Je note donc ce jeu Kung fu sur Bruce Lee.

 

Conclusion

 

Sifu est un excellent titre, qui s’est d’ailleurs révélé avec un nombre de ventes sympathique d’un million de ventes, et qui montre le talent de l’équipe pour forger des systèmes de combat uniques et stylés. Récemment, le soft a même reçu une mise à jour par le biais d’une arène, avec divers challenges, même si le multijoueur manque encore à l’appel. On a donc hâte de voir la prochaine production du studio, qui aura sûrement grâce à cette réussite plus de visibilité.

 

Liste des jeux Action :

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