La manie des briques – Lego Star Wars : The Complete Saga (2005-2007)

Author: Captain Sparke \ mai 27, 2022 \ Action, Actu Jeu Vidéo, Critique vidéoludique, Plateforme \ 0 Comments

Vous connaissez forcément les Lego, ces briques de construction que vous montez pour fabriquer bâtiments et véhicules avec ces petits personnages pour leur donner vie, créés par les Danois de The Lego Group en 1932. Cette marque de jouets parmi les plus importantes du monde s’est évidemment déclinée en jeu vidéo depuis le milieu des années 90. Aujourd’hui, les jeux Lego sont essentiellement des jeux mobiles de divers petits développeurs, mais il reste un puissant studio qui a sorti au moins un jeu Lego par an pour un total de 34 softs différents entre 2005 et 2019, je parle bien sûr de TT Games Limited et son studio-phare Traveller’s Tale. Indiana Jones, Batman, Harry Potter, Marvel, ces univers de films et de comics pour petits et grands ont été adaptés dans des jeux de plateforme et d’action grand public reposant sur l’accumulation de personnages, de piécettes et de briques. Après une traversée du désert entre 2019 et 2022, TT revient à son amour pour la licence Star Wars avec Lego Star Wars : The Skywalker Saga. Je vous propose plutôt de revenir aux trois opus fondateurs de la série des jeux Lego à la sauce TT avec les premiers softs Star Wars : Lego Star Wars : The Video Game (2005) pour la prélogie, Lego Star Wars II : The Original Trilogy (2006), réunis tout deux dans Lego Star Wars : The Complete Saga (2007). Ces softs ont initié la recette Lego qui continue à ce jour de faire des émules. Voyons cela.

Lego et plateformes

Au milieu des années 90, The Lego Group se lance dans le jeu vidéo. Le tout premier soft est Lego Island (1997) de Mindscape, où vous réalisez différentes quêtes à base d’activités diverses et de constructions. Pendant que Lego Interactive est fondé puis démonté au début des années 2000 pour éditer de nombreux titres, on compte de nombreux projets de jeux Lego : les jeux de construction avec la série Lego Creator (1998) de Superscape allant même du côté d’Harry Potter au début des années 2000, des jeux de course ou d’activités diverses comme le jeu singeant Mario Kart Lego Racers (1999) d’High Voltage Software, les jeux de gestion avec Lego Rock Raiders (1999) de Data Design Interactive pour les mines souterraines ou Legoland (2000) de Krisalis Software pour un simili-Theme Park, ou encore les jeux d’action Bionicle (2003) d’Argonaut Games. The Lego Group s’est par la suite retiré du marché en laissant leur licence à divers développeurs et éditeurs, même s’ils peuvent encore être présents dans certains projets.

Parmi ces développeurs, on retrouve un certain TT Games Limited, né en 2005 de la fusion entre le studio Traveller’s Tales, fondé en 1989, et l’éditeur Giant Interactive, fondé en 2004 par des anciens de la branche jeu vidéo de The Lego Group. Traveller’s Tales a à l’époque notamment fait paraitre de nombreux jeux de plateforme sous licence Pixar, à l’image de Toy Story (1995), et même deux opus de la série Crash Bandicoot avec The Wrath of Cortex (2001) et Twinsanity (2004), en plus de jeux de course comme Toy Story Racer (2001) ou d’aventure à l’image d’Haven : Call of The King (2002). Les Britanniques avaient donc déjà dans leur ADN des jeux mêlant plusieurs types de gameplay, en vue troisième personne, à base de plateforme et d’action. A l’époque, on est déjà à l’éclipse de ce genre de soft, avec Jak 3 (2004), Ratchet and Clank 3 (2004), Conker Live & Reloaded (2005) et même Psychonauts (2005) dont nous avons déjà parlé dans une précédente vidéo. La période est à la variété du gameplay, pour éviter le sempiternel saut entre plateformes, que ce soit avec des scénarios plus élaborés, des mondes ouverts à parcourir ou encore des séquences d’action qui tranchent avec le reste de l’aventure.

Pour Traveller’s Tales, ce sera surtout l’occasion de développer des univers de films et de comics. C’est dans ce cadre que sort en 2005 Lego Star Wars : The Video Game pour la prélogie, suivi par Lego Star Wars II : The Original Trilogy (2006), tout deux finalement dans Lego Star Wars : The Complete Saga (2007), pendant que TT sort par exemple une adaptation des Chroniques de Narnia. L’opus de 2007 sera ainsi un des plus vendus de la série jusqu’en 2017, avec 15 millions de copies écoulées en dix ans sur presque toutes les plateformes. Ce succès a entrainé la capitalisation de TT sur la série Lego, et a lancé l’annualisation de la licence jusqu’en 2019.

Star Wars

Est-ce que j’ai besoin de vous présenter Star Wars ? Pour les deux du fond qui n’ont rien suivi aux cinquante dernières années de la science-fiction, c’est un univers de space opera porté initialement par trois films entre 1977 et 1983. Depuis, la saga Star Wars comporte trois trilogies filmiques, des spin-offs, des séries, et des nuées de produits dérivés allant des comics aux jeux vidéos en passant par les romans. Racheté 4 milliards de dollars par Disney en 2012, la saga est mythique, particulièrement pour la création de son univers : embarqué dans une galaxie lointaine, très lointaine, dès les premiers films, on rencontre des ensembles politiques, des races extraterrestres, des planètes aux climats variés, des robots doués de conscience ou droïdes, des ordres guerriers de l’ataraxie ou de l’émotion avec les Jedi et les Sith, au milieu d’une bande-son de John Williams au service d’un scénario simple mais efficace de rébellion et de jeunes héros.

La première trilogie avec Un Nouvel Espoir, L’Empire Contre-Attaque et le Retour du Jedi entre 1977 et 1983 pose les bases de la lutte entre la Rébellion et l’Empire. La seconde trilogie avec La Menace Fantôme, l’Attaque des Clones et la Revanche des Siths entre 1999 et 2005, développe la période d’avant l’Empire, pour comprendre comment la République et l’Ordre Jedi se sont finalement effondrés. Pour terminer, Le Réveil de la Force, les Derniers Jedi et l’Ascension de Skywalker entre 2015 et 2017 clôt ce qu’on appelle désormais la Saga Skywalker, pour saisir l’après-Empire et les luttes entre la Résistance et le Premier Ordre. Les adaptations de jeux vidéos sont légion, avec les films mais aussi des séries comme Jedi Knight de Dark Forces (1995) à Jedi Academy (2003), KOTOR de 2003 jusqu’au MMO paru en 2011 et dont nous avons fait une vidéo de présentation. Reprendre l’univers en lego n’allait alors pas forcément de soi, mais c’était déjà le cas en matière de figurines. Lego a ainsi adapté la licence en jouet depuis 1999.

L’ADN des jeux LEGO

Avec Lego Star Wars (2005), Lego Star Wars II (2006) et la fusion Complete Saga (2007), Traveller’s Tales a transposé la collectionnite aigüe des joueurs de Lego en jeu vidéo d’aventure et de plateformes. Il s’agit évidemment de réadapter l’univers de Star Wars, avec tous les objets et personnages du jeu en Lego pour les mettre en scène dans différents niveaux à écumer. Les cinématiques présentent des personnages muets et de l’humour typique de Lego à base de gags divers, mettant de côté une partie du sérieux des films, parfois avec succès. En terme de jouabilité, aux commandes de près de 128 personnages différents à débloquer dans la Complete Saga, allant des héros en différentes versions aux personnages nommés moins connus, vous vous retrouvez dans le mode histoire. Reprenant les événements iconiques, vous vous baladez dans des niveaux avec un décor et des adversaires destructibles, tombant en petits morceaux Lego, et qui rapportent une monnaie, les studs, qui vont servir à garnir votre collection de figurines.

On y réalise divers objectifs, à pattes ou à véhicules, consistant la plupart du temps à trouver son chemin et dégager les obstacles par la force, en passant par quelques combats de boss. On tape dans le tas en tirant ou en tapant au corps-à-corps, avec certains personnages ayant un moveset particulier, on saute, on explore, on ramasse les piécettes et les briques spéciales découvertes avec divers puzzles et on construire parfois des véhicules ou des passages comme si on montait des légos. Les puzzles et passages secrets sont accessibles en fonction des personnages à votre disposition : en effet, vos personnages ont chacun une classe spécifique, qui leur permet d’accéder à des zones particulières ou de réaliser des actions particulières : les Jedi utilisent la force, les Sith la force obscure avec le liseré rouge, les héros utilisent des grappins pour s’envoler, les petits gabarits peuvent passer dans des souterrains et j’en passe. En mode histoire, vous n’avez pas le choix. En mode libre, vous pouvez amener n’importe qui n’importe où. Le jeu vous invite ainsi à repasser dans chaque niveau pour y récupérer les différents secrets. Entre les missions, vous vous retrouvez dans un hub où vous pouvez vous balader, acheter de nouveaux personnages, aller en mode histoire ou libre et faire des missions supplémentaires diverses.

En bref, le jeu est vendu comme étant pour les enfants : on peut jouer en coopération, on change de personnage à la volée, les personnages et les décors rappellent les jouets, on ne tue pas on détruit juste en morceaux, et on réalise une collection dans un jeu agréable et facile, au milieu de la musique de John Williams. Quand vous perdez tous vos cœurs, vous réapparaissez immédiatement en ayant perdu une partie de votre argent, à vite récupérer, et vous vous battez facilement avec un tas d’armes allant du blaster au sabre laser. Le fan de l’univers de Star Wars est brossé dans le sens du poil.

Bilan du jeu

L’univers est respecté avec ses personnages, ses décors et sa musique, la collectionnite est elle aussi respectée, mais le gameplay est ce qui pêche le plus pour le joueur de 2022, et c’est normal. Le soft est victime de son âge : si les combats sont sympathiques au demeurant, ils sont vite répétitifs, tout comme les phases en véhicule et de plateforme, avec une caméra pas toujours au niveau. Les puzzles et passages secrets sont sympas à écumer, mais le temps manque pour refaire encore et encore des niveaux assez prévisibles. Mais c’est une vision de 2022. A l’époque, le jeu est un carton. De janvier 1995 à mars 2021, The Complete Saga est le quatrième jeu Star Wars le plus vendu, avec The Original Trilogy à la septième place et le premier jeu à la huitième place. En 2009, le premier jeu s’est vendu à 6 millions d’exemplaires et le second à 8 millions d’exemplaires. En 2017, The Complete Saga totalise 15 millions d’exemplaires.

Conclusion

Les trois softs pavent la voie de la réussite à Traveller’s Tales et créent un modèle de gameplay qui sera réutilisé durant les dizaines de jeux suivants, avec leurs améliorations spécifiques, comme les objets magiques de Lego The Lord of the Rings (2012), les nouveautés comme les voix à partir de 2012, et surtout les univers dépeints : les héros de DC avec quatre jeux, de Lego Batman : The Videogame (2008) à Lego DC Super-Villains (2018), ou encore Marvel avec trois jeux (2013-2018). Les jeux Star Wars sont aussi présents, avec Lego Star Wars III : The Clone Wars (2011) qui adapte le début de la série d’animation et rajoute notamment des scènes de bataille plus imposantes, vendu en dix ans à 5 millions d’exemplaires. On n’oublie pas également Lego Star Wars : The Force Awakens (2016), réalisé cette fois par TT Fusion, autre studio appartenant à TT Games Limited, et édité cette fois non plus par LucasArts, qui a alors disparu, mais par Warner Bros Interactive. Il innove avec la possibilité de choisir plusieurs résultats de construction, le couvert, mais aussi rajoute des événements originaux entre l’épisode 6 et 7, et des planètes à visiter. La licence annuelle, sortant jusqu’à trois jeux par an comme en 2011, s’achève alors en 2019 avec The Lego Movie 2 Videogame, un peu moins bien reçu que ses prédécesseurs.

S’ensuite une période de disette de deux ans, avec des reports successifs du nouvel opus, qui finit finalement par sortir en avril 2022 : je parle évidemment de Lego Star Wars : the Skywalker Saga, développé depuis 2017 sur un tout nouveau moteur, NTT, et qui a été développé dans le crunch. Le résultat reste tout de même impressionnant : une vingtaine de planètes à visiter, neuf films à écumer, plus de 300 personnages à incarner, le tout avec un système de combat au corps-à-corps remanié avec divers combos. Le résultat est extrêmement solide et plutôt bien accueilli. Le soft marque l’arrivée des jeux Lego de TT dans une nouvelle ère, dans une galaxie lointaine, très lointaine.

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