L’infanterie antigonide de Philippe V (2/) – La Légion face à la Phalange

(Cette série d’articles est reprise de mon mémoire de recherche intitulé La Légion face à la phalange. L’armée des derniers rois antigonides face aux conquêtes romaines, à travers l’oeuvre de Tite-Live, et soutenu en 2017 à Paris-Sorbonne, sous la direction de M. François Lefèvre.)

 

Introduction de la partie : les unités de combat de Philippe V

 

Au cœur de la Grèce hellénistique, en plein règne de Philippe V (221/179), la guerre joue un rôle fondamental dans les différents événements amenant Rome en pleine Méditerranée orientale. Avant de considérer à la manière de M. Launey la condition sociale du soldat[1], et en particulier celle du soldat macédonien, il importe de revenir sur le caractère technique des troupes macédoniennes sous Philippe V.

En effet, le monde militaire à l’époque hellénistique est loin d’être unifié. Entre troupes alliées, troupes mercenaires, troupes indigènes[2], troupes dites nationales, l’uniformisation n’est pas de mise. Nous pouvons aussi rajouter le caractère assez technico-géographique des équipements : le scutum des Romains, la sarissa des phalangites macédoniens, les rhomphées des Thraces[3]. Ces distinctions permettent de séparer des types d’unités assez différentes au sein même des unités géographiques étudiées, entre garnisons, infanterie, cavalerie, artillerie et flotte.

Il est dès lors crucial de repérer chez Tite-Live les moments où celui-ci prend la peine de décrire ce qui n’est pas connu dans le monde romain du temps d’Auguste. Il arrive ainsi qu’à partir de ses sources, Tite-Live nous livre un exposé précis de certaines unités, retranscrite en latin avec parfois quelques imprécisions qu’il nous faudra tâcher d’étudier plus précisément.

 

Le livre XVIII de l’œuvre de Polybe est bien connu des historiens de la guerre de l’Antiquité. Selon cet auteur, la bataille de Cynoscéphales illustre sans ambiguïté le triomphe de la légion romaine face à la phalange : celle-ci est trop lourde et bien peu manœuvrable hors des plaines[4]. Voilà comment expliquer selon lui le désastre macédonien et le tournant de 197 qui aura tant de conséquences sur le monde grec. Il apparaît toutefois après lecture des différentes sources que la bataille de 197 a été gagnée par les Romains grâce à un ensemble de circonstances favorables dont nous traiterons plus tard, et qui dépasse cette simple opposition entre phalangites et légionnaires : expérience des officiers, commandement, météo, etc. D’autre part, les phalangites et les légionnaires étaient loin de constituer l’ensemble des forces en présence. Les éléphants, les escarmouches indécises, le retard de certaines troupes, voilà les vrais éléments de réponse : les remarques de Polybe sont tout à fait juste mais doivent dès lors être rapprochées avec de nombreux autres paramètres[5].

 

Dans cette partie, il s’agira surtout de montrer à quel point l’armée sous Philippe V est à la fois diverse, fonctionnelle et sophistiquée. En effet, l’armée antigonide a de nombreuses particularités, et les phalangites qui constituent la force principale se surimposent à de nombreuses autres unités. M. Launey déclare que la monarchie antigonide est « de toutes les monarchies hellénistiques, la seule pour laquelle on puisse parler d’une armée nationale »[6]. Ceci s’explique notamment par le système de recrutement que nous verrons dans une autre partie[7].

On voit généralement qu’avant la pentade consacrée à la Deuxième Guerre de Macédoine[8], soit avant les livres 31-35, Tite-Live est bien peu précis. Après tout, la Deuxième Guerre Punique bat son plein, et le conflit avec la Grèce apparaît bien peu vital dans le sort de Rome. Le récit de Polybe est à ce titre beaucoup plus évocateur, et de fréquents parallèles seront dressés. Avec les éléments à notre disposition, nous décrirons les types d’unités suivantes : l’infanterie nationale, la cavalerie, la flotte de combat, les garnisons, les auxiliaires et les mercenaires.

 

Notes :

[1] LAUNEY, M., Recherches sur les Armées Hellénistiques, Tome I, De Boccard, Paris, 1987 (1e éd 1951), 624 p. : chapitre XIII, p.724-812

[2] On pense surtout aux troupes indigènes des armées lagides, incorporées par manque de personnel militaire gréco-macédonien. Voir LAUNEY, op. cit., notamment dans le chapitre premier, p.63-103.

[3] Tite-Live 31.39 (citation 54)

[4] Décrite de manière très détaillée dans Polybe 6.19-42

[5] Voir le chapitre IX

[6] LAUNEY, op. cit., p.103

[7] Grâce notamment au travail d’HATZOPOULOS,M. B., L’Organisation de l’Armée Macédonienne sous les Antigonides. Problèmes anciens et documents nouveaux, De Boccard, 2001, Athènes, 196 p. : Seconde Partie p.85-127.

[8]LUCE, T. J., Livy. The Composition of HisHistory, Princeton UniversityPress, Princeton, 1977, 322p. : p.33-38

 

L’Infanterie Antigonide

 

L’infanterie antigonide est ce qu’on peut appeler une force nationale de paysans-citoyens[1]. Elle est composée majoritairement de phalangites levés dans les différents districts[2]. Elle constitue la force principale de la monarchie antigonide, comme nous allons le voir bientôt.

Toutefois, de nombreuses autres mentions d’infanterie se retrouvent dans le récit de Tite-Live pour désigner des troupes un peu plus variées. Il s’agit donc de voir quelles sont ces unités, et quelles sont leur rôle dans la force antigonide pour Tite-Live et par rapport aux autres sources et aux autres unités.

 

Nous avons regroupé les termes employés par Tite-Live pour désigner l’infanterie macédonienne dans le tableau ci-dessous.

 

Vocabulaire de Tite-LiveOccurrences
Caetrati31.36, 33.4, 33.8 (citations 51, 96 et 100)
Leues Armaturae27.30, 31.36, 31.38, 31.42, 31.43, 32.5, 33.4, 33.8 (citations 12, 51, 53, 57, 58, 64, 96 et 100)
Pedites27.31, 29.12, 31.16, 31.24, 31.34, 31.37, 31.38, 31.40, 31.42, 33.8, 33.10, 33.14, 33.19 (citations 13, 20, 34, 39, 49, 52, 53, 55, 57, 100, 102, 106 et 111)
Peltastae28.5, 31.36, 33.4, 33.8 (citations 16, 51, 96 et 100)
Phalanx31.39, 32.17, 33.4, 33.8, 33.9, 33.10, 33.18 (citations 54, 74, 96, 100, 101, 102et 110)

 

Les troupes d’infanterie macédonienne clairement identifiées dans Tite-Live

 

Outre les imprécisions qui ne permettent pas de déterminer si nous avons affaire à de l’infanterie ou de la cavalerie, comme armati, nous avons avec Tite-Live assez peu d’unités macédoniennes clairement définies et mentionnées, contrairement à l’œuvre de Polybe. On retrouve ainsi les peltastes, appelés soit peltastae, soit caetrati ; la phalange devenue phalanx ; les soldats d’infanterie légère réunis sous le terme un peu générique de leues armaturae ; et finalement le terme très générique de pedites, désignant les troupes à pied.

Nous voyons que Tite-Live décrit assez peu les forces d’infanterie macédonienne, contrairement à un Polybe qui s’efforce de décrire la ϕάλανξ (phalange), les πελτασταί (peltastes) et même l’ἄγημα (agéma), les ὑπασπισταί (hypaspistes), les λευκάσπιδες (leucaspides) et les χαλκάσπιδες (chalcaspides). Mais Polybe écrit en grec pour l’élite romaine qui a participé ou non à la conquête de la Grèce, et aux Grecs des nouvelles provinces romaines. Rien à voir avec le récit de Tite-Live se concentrant le temps de quelques pentades sur l’expansion de Rome en Grèce, et écrivant en pleine période augustéenne : les mentions détaillées des troupes antigonides sont superflues. Pour un lectorat romain, pedites et leues armaturae suffisent pour identifier une force banale d’infanterie. C’est au niveau des peltastae, caetrati et de la phalanx que Tite-Live s’avance un peu techniquement.

 

I. Les Peltastes : une force d’élite légère ?

 

a) Occurrences

 

Philippe V ordonne en 207 à son dux Ménippe, qui assistait les Achéens, de prendre rapidement un groupe de 1 000 peltastae accompagnés de 500 Agrianes pour défendre Chalcis en Eubée, en pleine Première Guerre de Macédoine[3]. Tite-Live décrit leur bouclier comme similaire au caetra espagnol, petit bouclier rond à l’usage des troupes légères.

Près d’Ottolobos, dans l’été de l’an 199, le roi Philippe V ordonne à un groupe de caetrati / peltastae de se positionner pendant la nuit entre le camp romain et le camp macédonien, pour préparer une embuscade. Mais les duces de la cohors de caetrati la font sortir trop tôt, et l’embuscade échoue[4]. Pour Tite-Live, peltastae et caetrati sont synonymes, et désignent une seule et même réalité.

Avant la bataille de Cynoscéphales de 197, les forces macédoniennes sont décrites par Tite-Live, et avec les 16 000 phalangites, on retrouve 2 000 caetrati/peltastae[5].Tite-Live identifie une nouvelle fois ces deux vocables.

Pendant le déploiement des forces à Cynoscéphales, les caetrati et des pedites sont placés à l’aile droite macédonienne, et forment la phalanx[6]. Ils sont armés d’hastae et semblent se comporter exactement comme les phalangites qu’ils accompagnent.

 

Pour ces troupes d’élite très présentes dans l’œuvre de Polybe, notamment dans les passages sur la Guerre des Alliés, on retrouve parmi nos 192 extraits seulement quatre mentions. Il s’agit de définir assez précisément ce que Tite-Live voit en eux, et ce qu’il en est dit par d’autres sources.

 

b) Type de troupe

 

La première question qu’il faut se poser est celle du statut de ces troupes, s’il s’agit d’infanterie légère, d’infanterie lourde, de troupes d’élite.

 

Dans l’œuvre de Polybe, pendant la fameuse Guerre des Alliés (220-217), les πελτασταί (peltastai) macédoniens ouvrent la voie près de Cônôpè : les Etoliens tentent de tenir le bord d’une rivière, mais les peltastes sont envoyés en avant-garde, et réussissent après avoir traversé à repousser les escadrons de cavaliers, permettant au reste de l’armée de passer sans encombre[7]. Un peu plus loin, Philippe fait une brèche dans la ville de Palè et envoie en premier lieu ses peltastes à travers celle-ci[8].

A travers ces deux exemples, on voit le peltaste comme un soldat plus léger ou bien plus entraîné que le phalangite[9], capable de traverser rapidement un cours d’eau ou une brèche, ou de suivre des troupes légères sans encombre[10].

Cet équipement qui peut apparaître plus maniable n’empêche pas ces peltastae d’être des troupes de choc capables de forcer une brèche ou de repousser des cavaliers. L’armement s’adapte en conséquence. Rajoutons à ces rôles celui d’organiser des embuscades comme près d’Ottolobos[11] ou  de Thermos[12] , et surtout celui de se battre au même endroit que le reste de l’infanterie de ligne à Cynoscéphales[13].

Dans ce dernier cas, on peut se poser la question de l’organisation de l’unité. En effet, il apparait que l’ordre donné du doublement en profondeur des rangs des peltastes fait apparaître une structure en λόχοι (lochoi), en files, similaires à celles des phalangites.

 

c) Un équipement de phalangite ?

 

Il apparaît ainsi que les porteurs de caetrae sont bien différents des peltastes du IVe siècle, spécialisés dans le harcèlement et armés assez légèrement. Pour M. B. Hatzopoulos, Tite-Live traduit mécaniquement le terme peltaste sans le relier à la réalité macédonienne sous Philippe V : la πέλτη (peltè) commence à désigner l’ἀσπίς (aspis), qui est le bouclier macédonien par excellence : ce n’est donc plus un bouclier en osier recouvert de cuir[14], mais un bouclier en bois recouvert de bronze.

Ces troupes de choc représentent en réalité l’élite de l’armée macédonienne. Cette élite dispose d’un armement qui apparaît aussi lourd que celui des phalangites selon M. B. Hatzopoulos, avec le κώνος (casque), le θώραξ (cuirasse), la σάρισα (sarisse) et le μαχαιρά (épée ou sabre)[15].

 

Cet armement offensif explique de manière satisfaisante le coude-à-coude avec les phalangites à Cynoscéphales, mais aussi le passage à travers la brèche de la ville de Palè. Il est plus difficile d’imaginer avec un tel attirail le passage rapide à travers un cours d’eau si on rapproche l’extrait de Polybe  avec celui de Tite-Live parlant des troupes macédoniennes en Athamanie[16] : les troupes qui refluent vers leur camp, et qu’on assimile à des phalangites, poursuivis par les Etoliens et les Athamans, laissent leurs armes dans la rivière, alourdis qu’ils sont par celles-ci. Au contraire, les peltastai de Polybe traversent la rivière escouade par escouade. Peut-être avaient-ils laissé leurs sarisses à leurs valets d’armes, peut-être que la première escouade sur place a retenu suffisamment de temps les Etoliens pour laisser le temps aux porteurs de sarisse d’intervenir.

Plus difficile à croire sont les deux situations d’embuscade que nous avons relevées. Dans l’extrait de Tite-Live toutefois, l’embuscade est mise en place de nuit, ce qui permet d’éviter les regards indiscrets sur les longues sarisses. Et si ces peltastae ont été repérés par les Romains, c’est peut-être que leur formation s’est mise en place trop rapidement et que la présence de ces longues armes a alerté les Romains. A moins évidemment de supposer qu’ils les ont encore une fois laissées à leurs valets d’armes pour n’avoir en main que leur bouclier et leur sabre.

Peut-être aussi faut-il les voir armés d’une δόρυ (lance) d’hoplite, comme celle que M. Andronicos a retrouvé dans une tombe de Vergina[17], mais ce n’est qu’une hypothèse.

 

d) Effectifs

 

Tite-Live indique la présence de 1 000 peltastae et de 500 Agrianes chargés de garder Chalcis, et de 2 000 peltastae à l’approche de Cynoscéphales, accompagnés de 16 000 pedites et représentant ainsi 1/9 des effectifs et donc 11% de l’infanterie.

Dans Polybe, on indique la présence de 5 000 peltastes dans le Péloponnèse en 219[18] puis de 2 000 dans la campagne de l’hiver 219-218[19]. On note une division en unités de 1 000 comme le note M. B. Hatzopoulos[20]. Le même auteur indique que parmi les 5 000 peltastes relevés en 219, 2 000 d’entre eux pourraient composent l’agéma, une formation d’élite de la phalange dont ne parle pas Tite-Live pour le règne de Philippe V[21].

 

B. Hatzopoulos retrace l’historique de ces soldats d’élite : ce sont d’abord des éléments prestigieux de l’infanterie, des Compagnons à Pied ou πεζέταιροι (pézétairoi). Ils sont ensuite caractérisés comme des porteurs de l’aspis sous Alexandre le Grand, et prennent le nom d’ὑπασπισται (hypaspistai) avant que ces derniers ne finissent par désigner exclusivement les gardes du corps du roi. Ce n’est qu’ensuite qu’ils finissent par prendre entre la fin du IVe siècle et le début du IIIe siècle avant Jésus-Christ le nom deπελτασταί. Cette évolution de l’onomastique était peut-être évidente aux yeux de Polybe, si évidente qu’il ne prenait pas vraiment garde à détailler les peltastes royaux en comparaison de ceux de Thucydide et de Xénophon[22].

 

e) La mécanique des termes.

 

En tous les cas, ces peltastae ou caetrati apparaissent pour Tite-Live comme des troupes légères, similaires aux peltastes thraces de l’époque de la Guerre du Péloponnèse. Aucun doute pour cet historien qui a une connaissance précise de l’histoire de la Grèce, et qui lit les auteurs grecs. De plus, le rôle de ces troupes dans une embuscade manquée près d’Ottolobos joue en faveur de cette hypothèse, même si Tite-Live ne s’émeut point de voir à Cynoscéphales des peltastes près des phalangites, armés des mêmes hastae.

On peut conclure à une traduction mécanique des termes, comme le conclut M. B. Hatzopoulos[23], mais n’oublions pas que le propos de Tite-Live se concentre bien peu sur le statut des troupes ennemies et bien plus sur les mécaniques amenant Rome en Orient dans la pentade comprenant les livres XXXI à XXXV. Le phalangite est autrement plus fascinant à étudier que le peltaste, qui, lui, est semblable dans l’esprit de Tite-Live à un vélite spécialisé dans le coup de main, ou bien plutôt à un auxiliaire porteur de caetra.

           

Pour conclure sur le statut des peltastes dans l’armée royale, il n’est peut-être que trop visible dans le passage de Polybe consacré à l’arrivée de l’armée macédonienne à Thermos :

« Pour franchir le défilé, Philippe plaça les mercenaires en tête de la colonne de marche. Ensuite venaient les Illyriens, puis le roi lui-même avec les peltastes et les phalangites. Les Crétois fermaient la marche. Hors du chemin, sur le flanc droit de l’armée et parallèlement à la colonne, marchaient les troupes légères et les Thraces. »[24]

Au centre, les phalangites et les peltastes, l’infanterie lourde et citoyenne en somme. Les mercenaires et les Illyriens composent l’avant-garde, les Crétois l’arrière-garde, les Thraces et peut-être les cavaliers se retrouvent sur les flancs. Le nœud de l’armée se compose ainsi de l’infanterie de ligne macédonienne. Les peltastes représentent une force d’élite de l’infanterie lourde macédonienne.

 

II.  La Phalange, ou la réputation macédonienne en jeu

 

La ϕάλανξ (phalanx) constitue la troupe macédonienne iconique, de son instauration par Philippe II à son requiem lors de la chute du dernier antigonide Persée, et qui se prolonge néanmoins dans les royaumes séleucides et lagides. Armés de la longue σάρισα (sarisa) et opérant de la même manière que la phalange hoplitique si célèbre à l’époque classique, cette formation s’est retrouvée à combattre en Grèce sous Philippe II, en Thrace, en Asie et en Egypte sous Alexandre le Grand, les diadoques et les épigones, et même en Italie sous Pyrrhos.

Pour Polybe, le requiem de la phalange est joué au moment de la bataille à Cynoscéphales en 197, lorsque le corps de troupe hellénistique le plus réputé est défait par la légion romaine. Toutefois, comme nous l’avons dit au début de cette partie, les événements de 197 sont loin de s’expliquer uniquement par la lutte directe entre légionnaires et phalangites.

Notons que d’après Asclépiodote le Philosophe, la phalange peut considérer aussi bien la partie que le tout[25] : les ἱππεῖς (hippéis) et les ψιλοί (psiloi) peuvent ainsi être inclus dans son fonctionnement. Nous parlerons ici du corps de troupe.

 

a) Occurrences

 

Après les combats autour d’Ottolobos, Philippe V lève le camp, et se retrouve à fortifier les gorges d’Eordée en août 199 pour contrer l’avance des légionnaires. En pleine forêt, et suivant les leçons de Polybe[26], Tite-Live indique que les sarisses, ou plutôt les praelongaehastae, ne peuvent être brandies devant les clipei des phalangites présents, du fait de la masse forestière[27].

C’est au moment de l’attaque d’Atrax par les troupes romaines vers 198 que Tite-Live nous livre un exposé assez clair de la puissance défensive de la phalange : elle repousse l’une après l’autre les vagues d’assaut romaines passant à travers une brèche[28]. Les clipei, les hastae et la formation de combat en coin empêchent ainsi les Romains de pénétrer dans la cité.

 

Quelques jours avant la bataille à Cynoscéphales de juin 197, Philippe V fait un discours à ses troupes pour les fortifier face au combat à venir, et vante les excellents résultats de la phalange, à Atrax et même dans la bataille perdue aux gorges de l’Aoos[29]. La phalange est en effet le corps d’armée « national »[30], et au vu des importants effectifs, constitue la principale force de frappe de Philippe V. Tite-Live redonne une leçon de tactique à la Polybe en faisant parler Philippe sur le terrain permettant à la formation d’agir au maximum de son efficacité.

Au moment de la bataille décisive de 197, l’aile droite macédonienne est composée de caetrati et de pedites qui forment la phalanx. Tite-Live mentionne sans grande précision la présence de hastae et de gladii[31]. Si la phalanx concerne comme le dit Asclépiodote la partie comme le tout, il n’est pas étrange de voir des peltastes utiliser la même formation.

Toujours pendant la bataille, la phalanx de l’aile gauche, en retard, affronte l’aile droite romaine et ses éléphants. Les phalangites paniquent et la victoire est acquise de ce côté du champ de bataille, et certains éléments de l’aile droite romaine plongent désormais sur les arrières de la phalange engagée au centre. Au milieu de la pente, entre des Romains devant et derrière, la phalange cède[32]. Tite-Live parle de la lourdeur de la phalange, mais les causes de la défaite totale résident dans cette prise en tenaille qu’aucune formation militaire ne peut subir sans broncher.

Même si la phalanx n’est pas mentionnée dans cet extrait[33], il s’agit tout de même du mode de reddition des phalangites, les hastae en l’air, et non pas baissées en attendant le choc.

En 197, dans la Pérée rhodienne, le praefectus Dinocrate affronte les Rhodiens avec une armée ethniquement mixte comptant des Agriens, des Cariens, des Crétois, des Thessaliens, des Thraces, mais aussi des Macédoniens organisés en phalanx. Cette phalange résiste au centre, mais est débordée sur le flanc gauche suite à la retraite des mercenaires et des auxiliaires thessaliens[34].

 

La fameuse reine des batailles macédonienne est nommée précisément à six reprises avant que la dernière pentade qui nous est parvenu ne commence. Ce choix de Tite-Live d’utiliser ce vocable en certaines occasions seulement se lie à des choix précis dans la composition de son œuvre, par opposition aux pedites génériques que nous verrons. Il faut dès à présent décrire le phalangite tel qu’il apparaît.

 

b) Type de troupe

 

La phalange constitue le cœur de l’infanterie de ligne macédonienne, et est surtout présente en bataille rangée, dont la plus fameuse est celle de Cynoscéphalesen 197. Contrairement aux peltastae, la phalanx est considérée comme plus lourde et moins maniable, ce qui explique que les détachements envoyés en avant de l’armée comportent toujours des mercenaires, des cavaliers, et de l’infanterie légère[35].

Tite-Live est coutumier de l’utilisation du mot pedites pour indiquer sans grande précision la composition de l’armée macédonienne, comme nous le voyons dans notre tableau. Si Tite-Live a besoin d’indiquer une caractéristique extraordinaire qui se doit d’être abordé dans son récit, c’est à ce moment qu’il mentionne une façon particulière de se battre. Pour notre cas du phalangite, Tite-Live s’empresse d’expliquer la défaite romaine à Atrax ou celle macédonienne de Cynsocéphales.

Les explications de Polybe[36] ont permis à Tite-Live de préciser le mode de combat de la phalange à Atrax, et de leur inefficacité en terrain forestier. Mais c’est sans grandes explications que la bataille de Cynoscéphales se déroule dans le récit livien, excepté la remarque sur une phalange impossible à retourner (verbe circumago).

Reste la remarque sur la Pérée rhodienne, où la phalanx est mentionnée pour expliquer que le centre macédonien résiste à une poussée rhodienne, puis quelque temps face à une attaque par le flanc.

 

La phalange constitue bien un corps d’infanterie aussi défensif qu’offensif : la charge de l’aile droite macédonienne repousse les Romains à Cynoscéphales[37]. Cette infanterie lourde, citoyenne et paysanne est la pierre angulaire des armées macédoniennes. L’uniformité de cette formation est sa force, mais elle ne peut donner toute sa puissance qu’en présence d’éléments plus mobiles, chose qui intéresse au plus haut point Philippe V puis Persée, ainsi que tous les généraux disposant de troupes lourdes : cela expliquera grandement la présence des mercenaires.

La phalange est lourde, mais n’est pas seule au combat[38]. Et c’est ce qui explique en partie l’art de la guerre antigonide. D’après certains commentateurs, et parmi ceux-ci Y. Garlan ou encore D. Roussel dans sa traduction de Polybe, la phalange macédonienne s’est alourdie au fil du temps : les sarisses sont devenues plus longues, et l’équipement est devenu plus lourd[39]. En réalité, comme nous allons le voir dès maintenant, nous ne possédons pas de preuves allant dans ce sens.

 

c) Equipement

 

Les praelonga hastae dans la forêt près d’Ottolobos[40] deviennent des hastae dans les autres occurrences[41]. On rajoute à cela le moment où des Macédoniens lèvent leur hastae en l’air pour se rendre[42] et où on les assimile facilement à des phalangites grâce à l’extrait de Polybe. Le terme de hastae est un terme générique utilisé pour désigner une lance. Sans l’adjectif praelonga, très peu de détails sont en réalité donnés par Tite-Live sur ce qui fait la renommée des phalangites.

Il faut en réalité revenir à un extrait bien antérieur à notre corpus pour trouver le mot sarisa, lorsque Tite-Live compare les légionnaires aux forces d’Alexandre le Grand[43]. Le pilum est dit supérieur en terme de portée à la sarisse, puisqu’il se lance, ce qui n’empêchera pas les légionnaires à Atrax d’être repoussés par ces mêmes sarisses. On peut se demander pourquoi Tite-Live n’a pas gardé ce terme pour les pentades qui nous intéressent : par commodité et par souci d’expliquer simplement les faits à son lectorat sans doute.

           

Par ailleurs, dans le siège d’Atrax, le détail se porte sur les hampes de ces hastae, appelées hastilia : les Romains essaient de couper le bout des sarisses, mais les hampes suffisent à les tenir en respect du fait de la longueur exceptionnelle de ces armes décrites par Polybe : les sarisses des cinq premiers ζυγά (zuga : rangs), une fois couchées, dépassent le premier homme de la formation[44]. Quant à la longueur de l’arme, elle varie en fonction des estimations : selon Polybe[45], l’arme consiste en 14 πῆχοι(pèkoi) soit 6.216 mètres de long[46]. D’après Asclépiodote, la δόρυ (lance) du phalangite est d’une longueur comprise entre 10 et 12 πῆχοι, soit entre 4.44 et 5.328 mètres[47]. Dans les recherches archéologiques réalisées par Andronicos[48], la mesure de Polybe est en quelque sorte confirmée. Cette longueur a pu en l’occurrence varier en fonction des périodes, mais rien ne prouve qu’elle se soit allongée ou raccourcie au fil du temps.

On retrouve aussi la mention du gladius à Cynoscéphales, bien que cela n’ait aucun rapport avec l’arme rapportée d’Hispanie par les légionnaires, avec pour preuve la découverte des ravages de cette arme par les troupes de Philippe V, au milieu des décapitations et des démembrements[49]. Le sabre décrit par M. B. Hatzopolous, par P. Connolly et par d’autres est le μαχαιρά (machaira), qui permet seulement de frapper d’estoc, contrairement au gladius frappant aussi de taille.

 

Tite-Live rajoute la mention de clipei à deux reprises : une fois à Ottolobos, une autre fois à Atrax[50]. C’est l’occasion pour Tite-Live d’opposer ce type d’armement défensif au peltè ou au caetra des peltastae, distinction qui ne fait pas mouche pour Hatzopoulos[51]. Notons d’ailleurs que dans le même passage où on retrouvait le mot sarisa[52], Tite-Live compare le clipeus au scutum romain qui est plus grand et protège mieux le corps, et qui est assez juste, si l’on sait que le bouclier macédonien est tenu par une lanière autour du cou pour laisser les deux mains empoigner la sarisse : il est dès lors nécessaire qu’il soit de plus petite dimension que le scutum romain, tenu à une main, ou même que le ὅπλον de la phalange hoplitique.

 

Le diagramma militaire d’Amphipolis[53] insiste sur l’équipement réglementaire et donne des indices précieux sur l’organisation tactique de la phalange[54]. Concernant l’équipement, on note en rapport avec Tite-Live la présence de la sarisse, d’une épée courte appelée μάχαιρα (machaira) et de l’ἀσπίς (aspis)[55]. Cet équipement pouvait être fourni par l’état et du même coup sa perte pouvait signifier une amende plus ou moins élevée : respectivement de 3 oboles pour les armes offensives et de 1 drachme, soit 6 oboles, pour l’arme défensive.

Pour compléter l’attirail, il faut noter que la puissance défensive et offensive de la sarisse suffit pour enlever un certain nombre de protections qu’on retrouvait dans la phalange hoplitique, et qu’on retrouve encore en partie chez les peltastes : jambières, cuirasse métallique, casque métallique. La sarisse et le bouclier protègent plus le corps que la cuirasse de tissu et le casque κώνος (konos) en feutre.

 

Launey tire de l’inscription d’Hiérapytna liant cette ville crétoise à Rhodes, et de nombreuses autres, l’information suivante : aux alentours de la fin du IIIe siècle, un soldat professionnel gagne 8 oboles par jour[56]. Pour P. Connolly, le légionnaire du IIIe siècle gagne 2 oboles par jour[57]. Si on lie cette information aux interrogations de M. Launey, on semble pouvoir mieux comprendre la déclaration de Polybe quand celui-ci écrit que les Achéens prêtent en 218 50 talents, puis la solde pendant trois mois, puis 17 talents par mois pendant un an à 6 000 Macédoniens et 1 200 mercenaires[58]. En calculant, Launey tombe sur la somme de 2 oboles par soldat. Bien évidemment, en considérant que les cavaliers gagnent plus, que l’aide n’est que partielle, Launey oscille entre 2 et 8 oboles avant de se fixer sur ce dernier chiffre. Mais la coïncidence peut être frappante.

Quoi qu’il en soit, si le salaire journalier du phalangite est de 2 oboles et qu’il a une faute d’équipement, il ne peut acheter sa nourriture pour la journée s’il ne dispose plus de sa ration de 30 jours[59]. Et la perte de son bouclier est dès lors catastrophique.

 

d) Formation

 

La phalange est définie par Tite-Live comme correspondant au cuneus (coin) romain lorsqu’il parle de la garnison d’Atrax. Les boucliers sont disposés comme dans une formation de testudo[60]. Cette analogie est permise par le placement des sarisses des rangs au-delà du cinquième, qui forme une barrière impénétrable pour les projectiles[61]. D’après Asclépiodote, on trouve trois types de formation, liés aux trois types d’intervalles entre les hommes[62] : l’intervalle ouvert de 4 πῆχοι (1.776 mètres), la formation dite πύκνωσις (puknoosis : compacte) avec 2 πῆχοι (0.888 mètres) et celle la plus resserrée, bouclier contre bouclier, avec un intervalle de seulement 1 πῆχος (0.444 mètres), ce qui semble exagérément resserré pour le traducteur  L. Poznanski.

Lors de la bataille de Cynoscéphales, Tite-Live comme Polybe indiquent la mise en place d’une formation plus particulière[63] : en haut d’une colline, Philippe divise la longueur de la phalange en deux, pour multiplier par deux la profondeur (βάθος) de la formation. C’est ce qu’Asclépiodote appelle la διπλασίασις (diplasiasis, du verbe διπλασίαζω (diplasiadzo)) qui signifie doublement[64].

 

Intéressons-nous dès lors aux structures tactiques. De nombreuses unités tactiques sont présentes dans l’œuvre d’Asclépiodote, mais nous ne nous intéresserons qu’à celles qui trouvent une confirmation épigraphique, notamment à travers lediagramma militaire d’Amphipolis[65].

La plus petite unité est le λόχος (lochos : file) de 8, 10, 12 ou 16 hommes[66]. Asclépiodote prône la file de 16 hommes, et tous les commentateurs ont fait de même pour la phalange macédonienne[67]. Cette file est menée par un λοχαγός (lochagos).

Ces lochoi sont regroupés par groupes de 4 dans une τετραρχία (tétrarchie) menée par un τετράρχης (tétrarque), ce qui représente 64 hommes[68].

La plus petite unité tactique qu’on retrouve est le σύνταγμα (syntagme), composé de 4 tétrarchies et mené par un συνταγματάρχης (syntagmatarque)[69].En réalité, cette dénomination est valable dans les armées séleucides pour l’époque qui nous intéresse. Dans le diagramma d’Amphipolis, on parle bien plutôt d’une σπείρα (speira) menée par un σπειράρχης (speirarque), et qui représente la plus petite unité constitutive de la phalange antigonide.

Notons que chez les Grecs, le commandant supérieur dirige son échelon tactique, mais aussi l’échelon tactique inférieur : le speirarque dirige sa speira, mais aussi une tétrarchie et un lochos. De même, le tétrarque dirige sa tétrarchie et un lochos. Pour conclure, on retrouve dans une speira256 hommes avec 12 sous-officiers et 4 officiers subalternes. Si l’on suit Asclépiodote, on peut aussi diviser le lochos en quatre parties, avec des chefs de moitié de file, ou de quart de file, et même la tétrarchie en deux, mais nous ne possédons pas les preuves épigraphiques pour cela.

 

Σπείρα (1) de 256 hommes, menée par un speirarque, aussi à la tête d’une tétrarchie de 64 hommes et d’un lochos de 16 hommes.
Τετραρχία (4) de 64 hommes, une menée par un speirarque, les trois autres par des tétrarques.
Λόχος (16) de 16 hommes, une menée par un speirarque, trois autres par des tétrarques, et douze autres par des lochagoi : chef de file et 15 hommes.

Tableau récapitulatif d’une speira de phalangite vue par le diagramma

 

Durant la bataille de Cynoscéphales, les speirai se reconstituent en 8 lochoi de trente-deux hommes[70], exactement comme au moment de la bataille de Sellasie sous le règne d’Antigone Doson, prédécesseur de Philippe V[71]. On comprend que la colline où se trouvaient les troupes macédoniennes avait des dimensions réduites. Or, Philippe voulait engager la totalité de la phalange et des peltastes de l’aile droite. La solution était de renforcer la profondeur des formations tactiques macédoniennes. Et elles furent très efficaces : jetées sur les pentes, elles réussirent à repousser les Romains et à les menacer assez dangereusement pour que la seule issue possible soit la prise à revers.

Ce contournement rompt totalement la phalange pour une raison très simple : celle-ci est toujours orientée vers l’avant. Derrière les cinq premiers rangs, les sarisses sont levées, et s’abaissent lorsque les rangs de devant se disloquent. La mise en place des cinq premiers rangs requiert une certaine organisation, ou tout du moins un temps de latence au vu du poids de l’équipement[72] pour harmoniser cette rangée de lances couchées. Ce temps n’est pas disponible et les sarisses sont donc inutiles au dernier rang : les sabres sont sortis, mais ces remous de l’arrière empêchent les premiers rangs d’enfoncer correctement le corps de bataille romain et c’est l’écroulement, d’autant plus que la surface en largeur des speirai a considérablement  diminué, renforçant le chaos de la bataille sur un espace plus étroit[73].

Notons pour finir que Tite-Live est dit par T. J. Luce[74] ou encore par P. Connolly[75] comme s’étant trompé dans la traduction du verbe καταβάλλω (kataballoo), qui signifie abaisser et non pas jeter[76] : les phalangites et les peltastes ont bien utilisé leur arme principale pendant la bataille.

 

Pour conclure sur la phalange vue par Tite-Live, on peut voir qu’elle n’apparait qu’à quelques rares occasions pour présenter une manière de combattre spécifique, victorieuse à Atrax dans la défense, défaite à Cynoscéphales dans la bataille rangée[77]. La précision est tout de même de mise, contrairement aux peltastae.

Notons que la phalanx est l’unité nationale par excellence du fait de la base de son recrutement et de son prestige, ce qui est transcrit dans Tite-Live par le discours de Philippe sur les gorges de l’Aoos avant la lutte finale en Thessalie :

« les coupables étaient d’abord ceux qui avaient mal surveillé le passage et ensuite, pendant la bataille, les unités d’infanterie légère et les mercenaires. La phalange macédonienne avait tenu bon ce jour-là et resterait toujours invaincue en terrain plat et dans un combat régulier. »[78]

 

Et concernant l’effectif, excepté les 500 Macédoniens organisés en phalanx dans la Pérée rhodienne et représentant 1/6e des troupes, il faudra s’intéresser aux mentions des pedites pour obtenir des détails plus précis.

           

III. L’énigme des leues armaturae

 

Si on considère que l’infanterie macédonienne est divisée entre les peltastes et les phalangites, auxquels on peut rajouter les χαλκάσπιδες (chalcaspides), les λευκάσπιδες (leucaspides) et les ὑπασπισταί  (hypaspistes), tous trois venus de Polybe, et qui désignent soit des phalangites, soit des gardes du corps, il semblerait qu’aucune place ne soit laissée pour autre chose que des mercenaires ou des auxiliaires.

C’est donc que ces leues armaturae désignent des mercenaires dont nous allons de suite détailler les multiples occurrences.

 

a) Occurrences

 

En 208, en pleine Première Guerre de Macédoine, et alors qu’Attale rejoint le combat du côté des Etoliens, les forces macédoniennes renforcent l’Eubée, tandis qu’un détachement de cavaliers et de leues armaturae se retrouve à Argos[79]. Il s’agit vraisemblablement de mercenaires Crétois, Illyriens ou Thraces, équipés très légèrement et capables de suivre un détachement à cheval.

           

En 199, près d’Ottolobos, Philippe V essaie de tendre une embuscade avec ses peltastes en utilisant sa cavalerie et des leues armaturae[80]. Nous voyons la désignation quelques lignes plus bas des Crétois et des Tralles.

Peu après avoir parlé du rôle des Crétois dans les combats, Tite-Live dresse un bilan en refaisant l’histoire et en se demandant ce qu’il se serait passé si les Romains avaient poursuivi leur attaque après la débâcle de la cavalerie et des leues armaturae (les Crétois)[81].

La surprise des Etoliens en Thessalie en 199 est grande quand ils voient arriver les cavaliers et les leues armaturae, avant de voir arriver les pedites que nous assimilons à la phalange. Comme précédemment, ils désignent vraisemblablement des mercenaires, peut-être encore des Crétois[82].

En 199 toujours, Athénagoras harcèle les Dardaniens qui sont contraints de refluer. Il possède un détachement de cavalerie ainsi que des leues armaturae[83]. Les troupes de harcèlement, puisque nous sommes au nord de la Macédoine, sont raisonnablement comprises de mercenaires illyriens ou thraces, de troupes locales en somme.

Au printemps de la même année, Athénagoras est chargé par Philippe V de diriger vers les gorges de l’Aoos une force composée d’auxiliaires et de leues armaturae[84]. On peut supposer qu’Athénagoras est chargé des forces étrangères rattachées à l’armée macédonienne, et donc que cette infanterie légère est composée de mercenaires aux origines diverses, entraînés personnellement par Philippe d’après le texte. Ces forces doivent d’ailleurs se charger de fortifier le mont Asnaos faisant face au mont Méropos, ce qui implique des forces légèrement armées habituées à un relief escarpé.

           

Dans le discours de Philippe à la veille de la bataille de Cynoscéphales de 197, on constate que la phalange est louée pour sa vaillance et sa puissance, d’autant plus quand on constate l’importance de l’effectif, tandis que la défaite aux gorges de l’Aoos est rapportée à l’incompétence des troupes mercenaires et des leues armaturae, rhétorique bien pratique pour justifier une défaite a posteriori en rejetant la faute sur des éléments étrangers, pour unir les hommes d’un même royaume, d’une même unité, d’une même formation[85]. Ces troupes désignent donc une forme particulière de mercenaires, à distinguer des cavaliers ou des archers peut-être.

Au moment de la bataille, les forces de cavalerie accompagnées des leues armaturae tiennent le flanc droit de l’armée : il s’agit des éléments mobiles de l’armée, responsables des multiples escarmouches sur les hauteurs avant que la bataille rangée en tant que tel ne prenne place[86]. Ils peuvent être rapprochés des mercenaires.

 

b) Des mercenaires

 

En définitive, ces huit mentions sont à rapprocher de la dénomination des mercenaires. L’armée macédonienne est en théorie composée de phalangites, de peltastes et de cavaliers. Il ne semble y avoir aucune place pour de l’infanterie macédonienne dite légère, surtout quand cette dernière se retrouve à suivre les cavaliers, à se retrouver dans des terrains accidentés, à être vomie par Philippe dans un discours exaltant la puissance et la pureté de la phalange, et à mettre en place des escarmouches.

Ils agissent comme une force complémentaire, déployée pour combler le manque de mobilité de l’infanterie lourde, preuve s’il en est que la lourdeur de la phalange est comprise par les stratèges macédoniens qui trouvent des solutions à partir des peuples environnants. L’art de la guerre macédonien ne peut être résumé à la phalange lors de la bataille de Cynoscéphales. Ces mercenaires sont souvent dits accompagnant la cavalerie, grâce à un équipement bien plus léger que celui des phalangites, et surtout bien différent[87].

 

Polybe, dans le passage que nous avons déjà vu pour les peltastes[88], parle des Illyriens et des mercenaires en avant-garde, des Crétois capables de garder l’arrière de la formation, et des Thraces accompagnant les cavaliers sur les côtés de la colonne. Les troupes légères donnent la mobilité à l’attirail de guerre macédonien, centré autour des peltastes et de la phalange du centre surveillant les bagages, preuve supplémentaire de l’appartenance des peltastes à l’infanterie lourde. L’énigme de ces leues armaturae semble être résolue[89].

           

IV. Les pedites : des troupes en vrac

 

Il s’agit du nom générique donné à l’infanterie macédonienne dans la plupart des cas. La raison en est simple : s’il n’y a pas besoin de parler des spécificités de la phalanx, des peltastae / caetrati et des leues armaturae, alors il n’y pas besoin pour Tite-Live d’utiliser un vocabulaire spécifique. Nous allons tout de même essayer de voir à quoi ces mentions correspondent.

 

a) Occurrences

 

Pendant que Philippe participe aux Jeux Néméens de l’été 208, Sulpicius débarque sur le golfe corinthien pour piller. Philippe prend des cavaliers et des pedites, qu’on assimile dès lors à de l’infanterie légère, pour aller les chasser[90].

Avant l’année 205, rimant avec la paix de Phoinikè mettant fin à la Première Guerre de Macédoine, Philippe avait soumis l’Etolie en utilisant notamment 10 000 pedites, qu’on assimile facilement à de la phalange et à des peltastes au vu des effectifs[91].

 

En 200, après la déclaration de guerre athénienne faisant suite à la mise à mort de deux Acarnaniens et au pillage du territoire[92], Philippe envoie le praefectus Philoclès ravager la campagne athénienne avec 2000 pedites, pendant que lui-même en dirige le même nombre pour soumettre la cité de Maronée[93]. On peut aussi bien les assimiler à des peltastes qu’à des phalangites ou des mercenaires. Le pillage autour d’Athènes est peut-être réalisé par des mercenaires, car il n’est nul besoin d’employer à cela des troupes de ligne ou des troupes d’élite. Quant aux troupes de Philippe, il s’agit peut-être de peltastae, qui sont souvent dans Polybe les premières troupes à rentrer dans la brèche, ou de phalangites.

En octobre 200, Philippe attaque Athènes avec une armée comptant 5 000 pedites et 300 equites[94]. On identifie cette force tout de même assez importante avec de l’infanterie de ligne, donc des phalangites avec sûrement une composante de peltastes et de mercenaires.

 

Entre mai et juin 199, près d’Ottolobos, le roi et les Romains se retrouvent à quelques kilomètres de distance l’un de l’autre. Philippe V dispose de 20 000 pedites[95]. Ce chiffre impressionnant comporte sûrement les trois ensembles que nous avons définis précédemment.

Toujours près d’Ottolobos, la statio royale entre le camp macédonien et le camp romain s’opposent, et le roi dispose d’un ensemble de cavaliers et de pedites[96]. Toutefois, il s’agit des mercenaires crétois employés pour une action de coup de main.

Ce que nous venons de dire sur les mercenaires crétois est confirmé par la citation suivante[97] où Tite-Live parle de ce qui aurait pu se passer si jamais les pedites étaient sortis du castrum macédonien. En l’occurrence, il s’agissait des peltastes et des phalangites.

Vers septembre 199, un certain Athénagoras est nommé par Philippe pour harceler les Dardaniens qui sont en train de se replier vers le nord de la Macédoine. Il lui accorde un groupe de cavaliers et de pedites, ces derniers désignant très probablement de l’infanterie légère, donc des mercenaires[98].

Les Etoliens, en l’an 199, sont surpris par les troupes de Philippe en Thessalie. L’infanterie légère et la cavalerie arrivent d’abord, et il faut attendre les pedites lourdement armés[99]. Ils désignent donc bien les phalangites.

 

Au moment de la bataille de Cynoscéphales, l’aile droite macédonienne est constituée en phalanx avec des caetrati et des pedites, désignant ici les phalangites[100].

Pendant que la bataille bat son plein, Philippe s’extirpe de la mêlée pour prendre un peu de hauteur. Il est dit accompagné de cavaliers et de pedites[101]. Il s’agit de gardes du corps, donc d’hypaspistes dans le cas présent, puisque les phalangites et les peltastes sont engagés.

Durant l’année 197, les troupes macédoniennes, stationnées normalement à Corinthe, ravagent les territoires achéens avec des pedites et des equites[102]. Il s’agit majoritairement des mercenaires ou des auxiliaires clairement précisés : Béotiens, Corinthiens, Crétois, Illyriens, Thessaliens et Thraces.

Après la défaite de 197, Philippe V, rentré depuis peu, enrôle rapidement dans certaines villes de Macédoine six mille pedites pour repousser les Dardaniens[103]. Nous avons ici des phalangites levés en masse dans un district macédonien[104].

 

b) Caractérisations

 

Ces treize mentions de pedites dans l’armée macédonienne désignent donc à huit reprises des phalangites accompagnés ou non de peltastes[105]. Ce mot permet de caractériser sans précision l’importance des effectifs macédoniens : 10 000[106] en 205, 2 000[107] et 5 000[108] en 200, 20 000[109] en 199, 6 000[110] en 197 après la défaite.

Il faut rajouter à cela cinq mentions de mercenaires[111]. Ils accompagnent encore les cavaliers pour des escarmouches près de Corinthe, ou encore à Ottolobos avec des Crétois, pour du pillage près d’Athènes ou de Corinthe en 197, pour repousser les bandes dardaniennes du nord avec les cavaliers[112].

Enfin, on note la présence de pedites spéciaux, accompagnant Philippe sur les hauteurs à Cynoscéphales[113]. Ces gardes du corps semblent représenter les ὑπασπισταί, extrêmement proches du roi : pour preuve, après 197, un hypaspiste brûle les archives royales à Larissa[114].

 

En définitive, le mot pedites est utilisé sans grande précision par Tite-Live, dont l’objectif de son récit se porte ailleurs que sur les termes exacts pour parler des Macédoniens. Mais c’est peut-être pour faciliter le confort du lecteur, pour qu’il ne s’embarrasse pas de détails lorsque ceux-ci sont jugés inutiles. Dans l’objectif littéraire qui est le sien, celui de tracer une grande histoire de Rome, des origines à son époque, Tite-Live n’a pas besoin d’utiliser les mots hypaspistes, ou encore le mot phalanx à tout bout de champ, et lorsqu’il le fait pour les caetrati et la phalanx, c’est toujours avec un descriptif et un portrait brossés avec des termes purement latins. Le caetra vient d’Hispanie, la phalanx ressemble au cuneus et à la formation en testudo, et les sarisses ne sont que des praelongae hastae, soit de longues lances. Le confort du lecteur ne s’embarrasse pas de détails techniques, ce que nous essayons quant à nous de retrouver tant bien que mal.

 

V. Les autres unités

 

Il s’avère que jusqu’au livre XL, on trouve deux unités qui ne rentrent dans aucune des catégories précédentes. Nous nous retrouvons au moment de la lustration de l’armée, pendant la fête du mois de Ξανδικός (Xandikos)[115], où un chien est coupé en deux et où l’armée passe entre les deux moitiés de l’animal. Le roi et ses enfants sont accompagnés de custodes corporis et d’une cohors regia[116].

Nous supposons que les seconds représentent l’élite de la cavalerie, comme nous le verrons juste après. Quant aux premiers, les gardes du corps, ils rappellent les σωματοφύλακας (somatophylaques) des Téménides,  devenus sous Philippe II les ὑπασπισταί (hypaspistes) et sous Alexandre le Grand les χρυσάσπιδες (chrysaspides), avant le retour du terme d’hypaspistes sous les successeurs d’Alexandre, diadoques et épigones[117]. Ils correspondent aux hauts-dignitaires de l’armée, à ceux qui maintiennent l’ordre[118] ou qui sont chargés de tâches de la plus haute importance, comme celle de brûler les archives royales à Larissa pour les empêcher de tomber aux mains des Romains, qui arrivent à quelques jours d’intervalle[119].

Leur armement semble laisser de côté la sarisse pour la δόρατια (doratia), une lance plus courte[120], reprenant les découvertes d’Andronicos, qui disait dans son article avoir trouvé une tombe contenant une sarisse, et une lance plus petite, témoignant de modes de combat différents de ceux des peltastes ou des phalangites[121]. M. B. Hatzopoulos rajoute à son analyse des fresques et des représentations artistiques de l’époque qu’il serait malaisé de résumer ici.

 

Conclusion

 

On a souvent coutume de résumer les Guerres de Macédoine en une lutte entre phalangites et légionnaires, au bénéfice des seconds qui ont l’expérience des Guerres Puniques et une organisation manipulaire plus souple que les speirai macédoniennes.

Toutefois, s’il est vrai que les phalangites forment l’essentiel de l’infanterie, suivis par les peltastes, cette infanterie lourde n’est pas seule sur le champ de bataille. Pour contrebalancer sa faible mobilité et pour permettre de donner toute sa valeur à l’infanterie de ligne, l’armée antigonide recrute les plus riches de ses citoyens pour les engager dans la cavalerie, comme nous allons le voir juste après ce chapitre, mais engage aussi des mercenaires qui serviront dans les garnisons et sur les flancs, les arrières ou l’avant-garde des dispositifs de bataille antigonides, comme le rappelle Polybe en des termes déjà cités :

 

« Pour franchir le défilé, Philippe plaça les mercenaires en tête de la colonne de marche. Ensuite venaient les Illyriens, puis le roi lui-même avec les peltastes et les phalangites. Les Crétois fermaient la marche. Hors du chemin, sur le flanc droit de l’armée et parallèlement à la colonne, marchaient les troupes légères et les Thraces. »[122]

 

Même si Tite-Live ne fournit pas de détails précis sur l’organisation de l’infanterie, nous avons pu découvrir comment le vocable pouvait référer aux réalités concrètes du champ de bataille.

 

Notes :

[1] Les travaux des champs attendent les phalangites lorsqu’ils rentrent d’une campagne, Polybe 4.66.7 : « il laissa les soldats macédoniens regagner leurs foyers pour participer aux récoltes de l’été »

[2]HATZOPOULOS, M., « Nouveaux fragments du règlement militaire macédonien », in Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscription et Belles-Lettres, volume 144, n°2, 2000, p.825-840 ; plus de détails dans notre deuxième partie.

[3] Tite-Live 28.5 (citation 16)

[4] Tite-live 31.36 (citation 51)

[5] Tite-Live 33.4 (citation 96)

[6] Tite-Live 33.8 (citation 100)

[7] Polybe 4.64.5-6

[8] Polybe 5.4.9

[9] C’est la conclusion de l’article suivant : FOULON, E., « La garde à pied, corps d’élite de la phalange hellénistique », in Bulletin de l’Association Guillaume Budé, n°1, mars 1996, p.17-31

[10] Polybe 4.75.4 : des troupes légères ; Ou bien des Agrianes dans Tite-Live 28.5 (citation 16)

[11] Tite-Live 31.36 (citation 51)

[12] Polybe 5.13.5 ; d’après FOULON, E., « La garde à pied, corps d’élite de la phalange hellénistique », in Bulletin de l’Association Guillaume Budé, n°1, mars 1996, p.17-31 : pour Foulon, il ne s’agit pas de peltastes, mais de l’agéma, formation d’élite parmi les hypaspistes (p.20-23). HATZOPOULOS, op. cit., p.56-66, préfère nuancer et parler des fois où les hypaspistes sont véritablement nommés, à la fois dans les textes et dans les inscriptions. Le mystère reste entier.

[13] Tite-Live 33.8 (citation 100) ; Polybe 18.24.9

[14] HATZOPOULOS, op. cit., p.70-73

[15] C’est aussi le point de vue final de FOULON, art. cit., p.30-31 : la lourdeur de l’équipement semble être la même, voire accrue par le port de cuirasses, mais ces troupes sont choisies, expérimentées et permanentes, et donc disposent d’une vigueur physique bien plus importante.

[16] Tite-Live 38.2 (citation 157)

[17] ANDRONICOS, M., « Sarissa », in Bulletin de Correspondance Hellénique (BCH) 94 (1970), p.91-107

[18] Polybe 4.37.7

[19] Polybe 4.67.6

[20] HATZOPOULOS, op. cit., p.68-69

[21]FOULON, art. cit. : il considère que l’agéma désigne une unité d’élite au sein des hypaspistes. Pour HATZOPOULOS, op. cit., p.66-68,il est compliqué de déterminer ce qu’est exactement l’agéma. Nous en reparlerons pour le règne de Persée.

[22] Par exemple Xénophon dans Helléniques 3.2.2

[23] Et comme ne le disait pas CONNOLLY, Peter, Greece and Rome at War,  Greenhill Books, Londres, 1998 (1e éd. 1981), 320p., p.80-81, qui considère avec sérieux les caetrati de Tite-Live.

[24] Polybe 5.7.11

[25]Asclépiodote 1.4

[26] Polybe 18.31

[27] Tite-Live 31.39 (citation 54)

[28] Tite-Live 32.17 (citation 74)

[29] Tite-Live 33.4 (citation 96)

[30]LAUNEY, M., Recherches sur les Armées Hellénistiques, Tome I et II, De Boccard, Paris, 1987 (1e éd 1951), 1315 p., p.103

[31] Tite-Live 33.8 (citation 100)

[32] Tite-Live 33.9 (citation 101)

[33] Tite-Live 33.10 (citation 102)

[34] Tite-Live 33.18 (citation 110)

[35] Par exemple Tite-Live 31.42 (citation 57), quand les cavaliers repoussent les Etoliens et attendent les phalangites.

[36] Polybe 18.28-32

[37] Pour le combat de pique dans la guerre moderne, aussi bien offensivement que défensivement, on peut se référer à Parker, G., « The ‘MilitaryRevolution’, 1550-1660, a Myth ? », in Journal of Modern History, Vol. 48, n°2, Juin 1976, p.195-214. On note que de même, les formations de piquiers lourds sont appuyées par des éléments plus légers, les akontistai et les equites représentant les cavaliers et les arquebusiers. Beaucoup de leçons de l’art de la guerre peuvent être tirées de ce rapprochement.

[38]Asclépiodote le rappelle bien dans son œuvre.

[39]GARLAN, Yvon, La Guerre dans l’Antiquité, Nathan Université, Paris, 1999 (1e éd. 1972), 231 p. : p.96-98, l’auteur se demande même si les phalangites n’ont pas commencé à porter des cottes de maille.

[40] Tite-Live 31.39 (citation 54)

[41] Tite-Live 32.17 et 33.8 (citations 74 et 100)

[42] Tite-Live 33.10 (citation 102) comme dans Polybe 18.26.10

[43] Tite-Live 9.19 : pour témoigner de la grandeur des premiers et minimiser celle des seconds.

[44] Polybe 18.29.5-6 

[45] Polybe 18.29.2-4

[46] Un πῆχος (pekos : coudée) attique correspond à 1.5 πόδες (pieds) et donc à 0.444m, d’après Lucien Poznanski dans son édition d’Aslclépiodote en 4.1

[47]Asclépiodote 5.1

[48]ANDRONICOS, M., « Sarissa », in Bulletin de Correspondance Hellénique (BCH) 94 (1970), p.91-107 : les découvertes archéologiques à Vergina permettent à ce dernier d’affirmer l’existence de cette arme immensément longue qu’est la sarisse et qu’il évalue à 6.20 mètres grâce à des calculs équivalent au chiffre avancé dans un article de F. Lammert en fonction des morceaux retrouvés. Deux morceaux de hampe de bois sont reliés entre eux par une douille métallique, permettant de combler le problème de vibration de l’arme et de la stabiliser. Andronicos a prouvé que la sarisse existe et qu’elle n’a rien à voir avec les autres types de lance.

[49] Tite-Live 31.34 (citation 49)

[50] Tite-Live 31.39 et 32.17 (citations 54 et 74)

[51] HATZOPOULOS, op. cit., p.71 : les peltastes n’ont en effet pas de petit bouclier comme le peltè, comme nous l’avons vu.

[52] Tite-Live 9.19

[53]HATZOPOULOS, M. B., L’Organisation de l’Armée Macédonienne sous les Antigonides. Problèmes anciens et documents nouveaux, De Boccard, Athènes, 2001, 196 p., annexe 3 : diagramma militaire d’Amphipolis 

[54] Que nous traiterons plus tard, par le biais notamment de CONNOLLY, Peter, Greece and Rome at War,  Greenhill Books, Londres, 1998 (1e éd. 1981), p.77

[55] HATZOPOULOS, op. cit., p.80

[56] LAUNEY, op. cit., p.750-764

[57]CONNOLLY, Peter, Greece and Rome at War,  Greenhill Books, Londres, 1998 (1e éd. 1981),

[58] Polybe 5.1.11-12

[59] Nous y reviendrons quand nous traiterons de la vie quotidienne et de la nourriture.

[60] La tortue romaine, destinée à repousser les projectiles.

[61] Polybe 18.30.3

[62]Asclépiodote 4.1

[63] Polybe 18.24.8 et Tite-Live 33.8 (citation 100)

[64]Asclépiodote 10.17 : nous en reparlons au chapitre IX.

[65]HATZOPOULOS, M. B., L’Organisation de l’Armée Macédonienne sous les Antigonides. Problèmes anciens et documents nouveaux, De Boccard, Athènes, 2001, 196 p., annexe 3 : diagramma militaire d’Amphipolis ; il est commenté par CONNOLLY, op. cit., p.77

[66]Asclépiodote 2.1

[67] CONNOLLY, op. cit., p.68-70 ; HATZOPOULOS, M. B., Macedonian Institutions Under the Kings. A Historical and EpigraphicStudy(Tome I), De Boccard, Paris, 1996, 554 p. : p.443-460.

[68]Asclépiodote 2.8

[69]Asclépiodote 2.8

[70] Si l’on accepte qu’un lochos comprenne 16 hommes, et non pas 8.

[71] Polybe 2.66.9 : « massa ensuite la phalange sur une double profondeur, à cause de l’étroitesse du champ dont il disposait » (traduction Denis Roussel)

[72] MARKLE, M. M., « The MacedonianSarissa, Spear, and Related Armor », in American Journal of Archeology(AJA)81 (1977) p.323-39 : il l’estime à 6.5 kilos, soit six fois le poids d’une lance de hoplite (p.323-326). CONNOLLY, op. cit., p.68-70 cite Markle mais donne le chiffre de 8 kilos.

[73] Nous en reparlerons plus en détail dans le chapitre IX.

[74] LUCE, op. cit., p.38-46

[75] CONNOLLY, op. cit., p.205-207

[76] Tite-Live 33.8 (citation 100) 

[77] Sans compter la part réduite de la phalange vaincue en Pérée rhodienne.

[78] Tite-Live 33.4 (citation 96)

[79] Tite-Live 27.30 (citation 12)

[80] Tite-Live 31.36 (citation 51)

[81] Tite-Live 31.38 (citation 53)

[82] Tite-Live 31.42 (citation 57)

[83] Tite-Live 31.43 (citation 58)

[84] Tite-Live 32.5 (citation 64)

[85] Tite-Live 33.4 (citation 96)

[86] Tite-Live 33.8 (citation 100)

[87] Nous étudierons ces mercenaires au chapitre IV.

[88] Polybe 5.7.11

[89] A moins de supposer l’existence dans l’armée macédonienne de troupes légères n’appartenant pas à la cavalerie, dont nous nous garderons de supposer l’existence faute de preuves suffisantes.

[90] Tite-Live 27.31 (citation 13)

[91] Tite-Live 29.12 (citation 20)

[92] Tite-Live 31.14 (citation 32)

[93] Tite-Live 31.16 (citation 34)

[94] Tite-Live 31.24 (citation 39)

[95] Tite-Live 31.34 (citation 49)

[96] Tite-Live 31.37 (citation 52)

[97] Tite-Live 31.38 (citation 53)

[98] Tite-Live 31.40 (citation 55)

[99] Tite-Live 31.42 (citation 57)

[100] Tite-Live 33.8 (citation 100)

[101] Tite-Live 33.10 (citation 102)

[102] Tite-Live 33.14 (citation 106)

[103] Tite-Live 33.19 (citation 111)

[104] Nous y reviendrons au chapitre V.

[105] Tite-Live 29.12, 31.14, 31.24, 31.34, 31.42, 33.8, et 33.19 (citations 20, 32, 39, 49, 57, 100 et 111)

[106] Tite-Live 29.12 (citation 20)

[107] Supposé dans Tite-Live 31.14 (citation 32)

[108] Tite-Live 31.24 (citation 39)

[109] Tite-Live 31.34 (citation 49)

[110] Tite-Live 33.19 (citation 111)

[111] Tite-Live 27.31, 31.16, 31.37, 31.40 et 33.14 (citations 13, 34, 52, 55 et 106)

[112] Peut-être des troupes thraces ou illyriennes, habituées au combat en montagne et proches de ce distant nord.

[113] Tite-Live 33.10 (citation 102)

[114] Polybe 18.33.2 et Tite-Live 33.11 (citation 103) : dans ce dernier cas, on parle d’ « hommes de confiance », de purpuratus, ce qui renforce cette idée.

[115] LAUNEY, op. cit., p.922 : c’est le début du printemps, le moment précédant les campagnes militaires.

[116] Tite-Live 40.6 (citation 181)

[117] FOULON, art. cit., p.20-23

[118] HATZOPOULOS, op. cit., p.56-60

[119] Polybe 18.33.2

[120] HATZOPOULOS, op. cit., p .61-66

[121] ANDRONICOS, art. cit., p.91-107

[122] Polybe 5.7.11

 

Point d’histoire

 

La légion face à la phalange :

 

Une histoire de couleurs :

 

Sport, culture et enjeu militaire en Grèce antique :

 

Autres : 

Leave a Reply