Le successeur de Bushido Blade ? Hellish Quart (2021)

Connaissez-vous Kubold ? Il y a fort à parier que non. Pourtant, si je vous dis que Jakub Kiviel, fondateur et membre unique du studio, a travaillé sur les mouvements de combat de Geralt de Riv, le héros du jeu de rôles fantasy The Witcher 3 (2015), vous commencez à voir où je veux en venir. L’homme en question a travaillé pour différents studios, dont Epic Games et CD Projekt, avant de fonder Kubold. Il vend notamment sur son site internet des animations de combat basées sur de la motion-capture et transposées sur le moteur d’Epic Games, Unreal Engine 4. Il a fait paraitre récemment Hellish Quart en early access, un jeu d’escrime qui utilise le plein potentiel de ses compétences en animation de combat, et qui semble prendre sa source d’inspiration dans la série Bushido Blade.

 

 

I. Duels d’escrime

 

En 1997, Lightweight sort Bushido Blade, puis un an plus tard le second épisode, sous le patronage de Square. Les deux jeux offrent des combats en vue de côté, avec comme principale différence avec Mortal Kombat et autre Street Fighter que la barre de vie s’efface au profit d’une localisation des dégâts. Un coup bien placé met donc immédiatement fin à la partie pour l’adversaire. Vous rajoutez à cela une gamme d’armes et de personnages, des postures hautes, basses et moyennes, la possibilité de blesser son adversaire pour qu’il soit moins performant, et vous obtenez un jeu de duel à l’arme blanche plus que de combat : le premier opus est essentiellement centré sur des personnages du Japon féodal, et inclut même un code d’honneur à appliquer durant la partie, comme ne pas frapper quelqu’un qui parle, pour ne pas finir par faire un suicide rituel. Le studio a continué ses duels avec la série Kengo (2000-2004), mais depuis, très peu de développeurs se sont aventurés sur le terrain du duel à l’arme blanche. Et quand ils prennent ce chemin, ils n’hésitent pas à se revendiquer de cet héritage, comme le jeu en développement Die by the Blade (tout est dans le titre).

 

Bushido Blade, un jeu atypique.

 

Hellish Quart rentre donc totalement dans cet héritage : vue de côté, types de personnages et armes différentes avec leurs façons de l’utiliser. On trouve pour le moment l’épée longue puissante, la rapière à la bonne allonge et les trois personnages au sabre, plus ou moins agiles et rapides. Le quatre touches de combat permettent de faire des moulinets selon quatre angles différents, et chaque personnage dispose de ses combos, accessibles en appuyant sur plusieurs boutons à la suite et en combinant coups, déplacement horizontaux ou latéraux, ou garde alternative. Vous pouvez également coller votre adversaire au corps-à-corps pour dévier à la main sa lame pour le décontenancer, ou bien le tenir pour s’il ne prend pas garde l’achever d’un coup sec, à moins que vous ne l’enchaîniez en le tapant avec la garde de votre lame. Chaque personnage se joue donc plutôt différemment, en profitant de la puissance, de l’allonge de l’arme comme de ses capacités de manœuvrabilité. Par ailleurs, si vous blessez votre adversaire, il va boiter ou avoir du mal à s’en remettre. En tous les cas, les rounds s’arrêtent assez rapidement avec un revers de la lame bien placé ou une esquive suivie d’une attaque plongeante en règle.

 

Retour au duel en vue de côté. Pas de barre de vie, et uniquement le record du mode survival en haut à gaauche, et les rounds restants représentants par les triangles inversés. Le reste se passe à la manette.

 

II. Après l’early access

 

Les mouvements de combat sont bien réalisés : leurs mouvements sont plutôt réalistes, on sent bien l’impact des coups avec le bruit des lames qui s’entrechoquent, et les corps s’animent grâce à la technique du ragdoll, permettant d’animer différemment des sous-modèles venant d’un même modèle de base, en l’occurrence ici les différentes parties du corps. Les graphismes sont corrects, et les costumes des individus sont colorés et agréables à l’œil, reprenant ceux de l’époque moderne prise pour référence. Étonnamment pour un jeu développé par un seul homme, la musique est également de très bonne facture, orchestrée par Adam Skorupa de l’équipe Music Imaginary et qui a notamment travaillé sur la série The Witcher (décidément), avec des instruments d’époque, comme le Hümmelchen, une cornemuse germanique. En terme esthétique, le jeu est ainsi déjà solide.

 

Le personnage tout à droite n’est à ce jour pas disponible. De gauche à droite, on trouve donc la porteuse d’épée longue, les trois sabreurs, et la porteuse de rapière, chacun avec ses spécificités, et sa façon d’utiliser son arme. Le deuxième personnage en partant de la gauche est ainsi plutôt lourd à manier mais diablement puissant si vous pouvez enchainer des attaques.

 

Malgré tout, le soft manque encore cruellement de contenu. Au-delà des cinq personnages, des trois armes différentes, du mode versus et du mode survie où il faut combattre un ensemble d’adversaires, on en fait très rapidement le tour avec les quelques cartes disponibles, qui sont aussi réussies comme la plaine ou le champ, ou bien glauque comme celle avec les pendus ou vide comme une des cartes d’intérieur. Par ailleurs, le mode multijoueur est encore artisanal : on peut jouer avec un comparse en local, faire du remote-play par Steam en autorisant un ami à accéder au stream du jeu pour utiliser ses touches dans le combat, ou passer par Parsec qui fait aussi du streaming pour jouer à plusieurs. On attend de pouvoir avoir des serveurs officiels ou tout du moins la possibilité de lancer un micro-serveur qui durera le temps de la partie. Le jeu se prêterait également plutôt bien aux tournois et autres duels, donc on attendra de voir ce qui sera fait.

 

Une liste provisoire de mouvements spécifiques de combat, mais cette liste n’est pas encore à jour.

 

Conclusion

 

Pour le moment, je ne vous recommande Hellish Quart que si vous voulez pratiquer l’escrime à la Bushido Blade et que vous souhaitez soutenir le créateur. Malgré tout, pour un petit jeu, le soft a une excellente prise en main, est réactif et maniable, a suffisamment de profondeur pour s’attarder sur les combos qui permettront de vaincre les quelques niveaux d’IA. La partie esthétique, musicale et sonore est de très bonne facture. Si plus de contenu vient se greffer au jeu, il n’y pas de doute que le soft sera aussi solide qu’un cosaque. On le lui souhaite.

 

Liste des jeux du site.

 

Liste des jeux d’action :

Leave a Reply