Final Fantasy XIV : A Realm Reborn (2013)  – La renaissance du MMO japonais

Final Fantasy XIV : A Realm Reborn est ma nouvelle passion. Le MMO de Square Enix qui a connu une renaissance spectaculaire en 2013 est en effet en plein âge d’or, avec une moyenne de joueurs en 2022 qui a dépassé celle de l’indétrônable World of Warcraft, avec 1,4 millions de joueurs actifs contre 1,15 chez son principal concurrent. La dernière extension parue en 2021, Endwalker, a même eu un succès si important que les ventes du titre ont dû être bloquées pendant plusieurs mois. Je me suis donc lancé corps et âme dans le MMO du moment, en commençant par le début, à savoir la version de 2013-2015, A Realm Reborn, prélude indispensable pour accéder aux histoires, zones et niveaux des quatre extensions suivantes. Cette aventure du niveau 1 au niveau 50 permet ainsi de découvrir la terre d’Eorzéa et de poser les bases d’un scénario tentaculaire et de toucher à un contenu riche. Pourtant, cette expérience initiale n’est pas exempte de défauts, notamment sur le rythme et la longueur extrême de l’aventure. Découvrons donc cela ensemble.

 

 

C’est quoi Final Fantasy XIV ?

 

La série de JRPG Final Fantasy essaime depuis 1987 dans des ambiances diverses et variées, mêlant généralement la science-fiction et la fantasy, avec chaque opus présentant un contexte particulier et des manières de sauver le monde avec un scénario touffu. Paru sur des tas de consoles pendant plus de trente ans, la série s’est hissé au rang des grandes franchises vidéoludiques avec plus de 144 millions de copies écoulées en 2020, et des opus aussi légendaires que Final Fantasy VII (1997) et son lancement en fanfare sur la PlayStation. Les systèmes de jeu ont eux aussi varié, allant du tour par des premiers opus au temps réel du quinzième opus avec diverses variantes entre les deux modèles. La série principale s’est aventurée dans le monde du MMORPG en 2002 avec Final Fantasy XI : Online. Il propose ainsi du combat en temps réel, de vastes mondes à parcourir, une histoire à suivre et moult jobs à changer et mêler, à une époque où le grind est de mise. Il accueille d’ailleurs encore quotidiennement 24 000 joueurs en août 2022 selon le site MMO Population.

 

Il semblait donc que le succès attendrait également le deuxième MMO de la série, Final Fantasy XIV, en 2010. Comme je vous l’ai raconté dans l’épisode d’en bref, que je vous invite à visionner, il en a été tout autrement. L’univers, le scénario et la musique n’ont ainsi pas suffi pour justifier le gameplay d’un autre âge et le moteur de jeu instable. Square Enix appelle à la rescousse Naoki Yoshida, alias Yoshi P, pour améliorer graduellement le titre. Cela ne suffit pas, et en 2012, les serveurs sont fermés. En 2013, ils rouvrent sur une toute nouvelle version, A Realm Reborn, complètement retravaillée, du gameplay au moteur de jeu en passant par le scénario et la musique. L’accueil est positif, et Final Fantasy XIV est sauvé. Mais alors, que nous offre donc cette version ?

 

Histoire de MMO

 

Je vais peut-être vous surprendre, mais j’aime le leveling, l’histoire et l’univers dans les MMO. J’apprécie être immergé dans un monde vaste à explorer, au contrôle d’un personnage qui va évoluer au fur et à mesure et obtenir des compétences de plus en plus puissantes, avec si possible un narratif qui me permet d’avoir envie de continuer l’aventure. Si vous recherchez également cela dans un MMO, vous serez aux anges avec Final Fantasy XIV. L’Epopée ou le Main Story Content, la quête principale, vous emmène ainsi dans votre destinée de Guerrier de la Lumière au sein du continent d’Eorzéa, au contact des trois cités-états principales, cinq ans après l’invasion ratée mais destructrice de l’Empire de Garlemald, qui est soit dit en passant l’intrigue de la 1.0. Vous finissez par rejoindre les Héritiers de la 7e Aube, un groupe secret qui vise à maintenir la paix et la sécurité contre les divinités barbares et les Garlemaldais, pendant que les esprits s’agitent autour d’un général garlemaldais impétueux, de problèmes locaux avec les tribus barbares, et de mystérieux être encapuchonnés. Toute cette intrigue est portée par des milliers de lignes de texte avec les différents personnages, mais aussi par des cinématiques animées voire doublées, bénéficiant d’un doublage français comme japonais. On ne compte pas le nombre de rebondissements et les mystères dévoilés au fur et à mesure de l’intrigue.

 

Pourtant, l’aspect MMO va vous mettre de sacrés bâtons dans les roues : si l’intrigue est bonne, elle sera diluée dans plusieurs centaines de quêtes qui ne seront pas toutes passionnantes : je ne compte plus les allers-retours dans les zones vastes pour parler à untel, récupérer tel objet, tuer tels monstres, réaliser tel donjon et reparler à tel mec. Et puis, d’un coup, on a des événements forts et une intrigue qui se dévoile avec des cinématiques, avant de retomber une nouvelle fois dans une nuée de quêtes peu passionnantes. On sent qu’un certain nombre d’années s’est écoulé. Néanmoins, si vous voulez profiter de l’histoire de toutes les extensions, vous êtes obligés de passer par là. Beaucoup d’adeptes du jeu recommandent aux nouveaux de prendre leur mal en patience. Il est vrai qu’actuellement à la moitié de l’histoire d’Heavensward, le rythme de l’aventure prend une autre tournure.

 

Un monde séduisant

 

Malgré ce rythme en dents de scie, le monde d’Eorzéa est magnifique à parcourir. Les zones forestières de Gridania, les paysages paradisiaques de la Noscée et même le désert de Thanalan, sans compter les autres zones, les donjons, les raids et surtout les villes gigantesques à parcourir sont souvent à couper le souffle, avec une direction artistique somptueuse, des graphismes corrects, et surtout une musique qui s’adapte à toutes les ambiances. J’en veux pour preuve les 6 heures de bande-son de l’album d’A Realm Reborn, entre musique classique, instruments spécifiques comme la guitare du Thanalan ou l’orgue d’Ishgard, le rock et les chœurs endiablés des divinités primordiales, la musique électronique des Garlemaldais, et même une chanson inspirée de l’Etrange Noel de Mr Jack avec une bataille contre des Moogle. Il y en a clairement pour tous les goûts, parfois à la limite du raisonnable quand on note les variations de chaque thème de combat de chaque zone. De même, les voix sont au niveau, notamment avec lla possibilité d’avoir les cinématiques doublées en japonais. Elles restent pourtant assez peu nombreuses dans A Realm Reborn, ce qui est dommage.

 

Multiples jobs

 

Au-delà de l’histoire et du monde, votre personnage va évidemment avoir son équipement et ses compétences de baston. Contrairement à la plupart des MMO, la classe de départ de votre personnage n’est pas exclusive. A compter du niveau 10, vous pouvez ainsi rejoindre toutes les guildes du jeu et donc incarner les neuf classes de départ, qui évoluent au niveau 30 en dix jobs différents. Pour plus de détails sur les classes, je vous invite à aller voir mon guide des classes. Elles sont assez classiques et divisées en trois rôles. On a d’abord les tanks avec le Maraudeur/Guerrier qui tape fort et utilise une jauge de bête, et le Gladiateur/Paladin qui utilise pas mal de sorts de protection. On a ensuite les soigneurs avec l’Elémentaliste/Mage Blanc et ses nombreux sorts de soin, et l’Erudit, une des deux évolutions de l’Arcaniste, qui soigne avec des invocations. Et on a finalement tous les DPS. Niveau magique, l’Occultiste/ Mage Noir balancera boules de feu et tempêtes de glace avec un système d’affinité, l’Arcaniste/Invocateur utilisera des invocations de diverses natures pour puiser dedans et lancer des sorts d’attaque. Au niveau physique, on aura l’Archer/Barde qui mêle tirs et chant de soutien, le Maitre d’Hast/Chevalier Dragon qui tape vite et fort, le Surineur/Ninja qui tape encore plus fort et utilise des techniques de ninjutsu, et finalement le Pugiliste/Moine qui utilise diverses techniques de poing.

 

Pour changer de classe à la volée, il suffit d’avoir la bonne arme, donnée dès que vous parlez à un nouveau maitre de guilde, et de sauvegarder ensuite la tenue puis d’en faire un raccourci. En plus de votre inventaire, vous avez un espace à part, l’Arsenal, qui stockera dans la limite de la place disponible tous vos équipements, du plastron de guerrier aux gantelets de soigneur, réglant le souci de la gestion de l’équipement. Une touche permet d’ailleurs de sélectionner automatiquement le meilleur équipement pour chaque classe. Très pratique.

 

Chaque classe et job est donc assez classique, mais le fait de pouvoir changer à n’importe quel moment permet à peu de frais de renouveler sans cesse le gameplay, pour réaliser l’aventure principale comme les donjons dans les divers rôles, offrant une expérience de MMO vraiment complète. Je me suis retrouvé si emballé par l’idée que j’ai monté toutes les classes au niveau 50. Individuellement tout de même, on note une certaine répétitivité d’usage, le système de combat reposant essentiellement sur le placement et l’enchainement de combos de compétences. On manquera ainsi la profondeur des autres MMO qui proposent des spécialisations différentes par classe. On a quand même un zeste d’originalité, à l’image du Ninja qui enchaine des signes pour produire des techniques de combat, ou encore l’Invocateur avec son rythme de changement d’invocations. Notez également que vous pouvez aussi incarner tous les métiers de craft et de récolte. Si la récolte reste plan-plan en devant aller dans telle ou telle zone, le craft a des mini-jeux pour utiliser des compétences pour trouver l’équilibre entre progression, qualité et durabilité, changeant de la tâche juste répétitive.

 

Le combat

 

On arrive donc au combat, composante principale du titre. Il est entre le statisme d’un vieux MMO et le dynamisme d’un Black Desert Online, avec une notion de placement pour aller sur les côtés et les arrières des monstres, des zones d’effet à éviter, mais globalement un enchainement de compétences avec un cooldown pour les techniques principales de 2,5 secondes. Cela permet aux joueurs console de pouvoir jouer plus facilement au soft, et de prendre un peu plus le temps de la réflexion, mais peut également lasser le joueur de début de jeu, qui enchainera trois pauvres compétences.  L’attaque automatique est là pour faire jolie, et tout repose sur vos compétences. En fonction des classes, vous aurez des combos de baston sur un ennemi ou plusieurs ennemis, des compétences instantanées de dégâts, de protection, de buff ou de débuff, et des sorts divers de dégâts ou de soin avec des temps d’incantation plus ou moins long. Il s’agit de trouver le rythme de sa classe.

 

Le système est donc un peu plus cool que d’autres MMO, grâce à l’absence de clics frénétiques, n’empêche qu’il faut parfois attendre longtemps avant d’avoir des sorts intéressants pour certaines classes et certains jobs. Le Chevalier Dragon par exemple reste par exemple plan-plan jusqu’au niveau 56, là où les ninjutsu du Ninja renouvellent bien l’expérience de jeu dès le niveau 40. Par ailleurs, si vous souhaitez leveler et faire le maximum de dégâts dans un temps court, il est probable que vous utilisiez un DPS. Par contre, pour faire les donjons de quatre personnes en groupe pour aller plus vite qu’avec les groupes de PNJ, les rôles de tank et de soigneur vous permettront d’avoir des files d’attente très courtes. Je trouve tout de même qu’avoir des donjons obligatoires est une excellente idée pour forcer le joueur à mettre à l’épreuve en groupe ses compétences : si les groupes de PNJ sont jouables, on apprend beaucoup moins. Je suis un peu plus sceptique sur les raids obligatoires post-ARR à 24 joueurs, où je n’ai pour ma part rien compris.

 

Un contenu gargantuesque

 

Outre l’épopée qui vous emmène pour une cinquantaine d’heures de jeu, vous avez des tas de choses à faire. Déjà, vos métiers, classes et job ont des quêtes spécifiques, des mini arcs narratifs avec même des cinématiques et des rebondissements. Si celles pour les métiers de récolte et de craft sont un peu plus basiques, celles pour les classes et les jobs vous permettent d’en apprendre plus sur l’univers, et offrent des arcs narratifs complets ainsi que de l’équipement des compétences. L’autre partie importante du jeu est le contenu multijoueur, en l’occurrence les opérations de guilde,  des sorts de tuto aux donjons, les donjons dont certains sont obligatoires, et les raids. Le premier donjon est débloqué au niveau 15, permettant une appréhension en douceur des différents rôles, entre le Tank, guide et bouclier du groupe, le Soigneur, ange-gardien du Tank, et les DPS, délivrant les dégâts. Cela permet véritablement avec la flexibilité des classes d’avoir le MMO ultime où vous pouvez enfin jouer n’importe qui.

 

Les donjons sont d’ailleurs très jolis, offrent de belles récompenses, et permettent de mieux appréhender le système de combat. Vous avez aussi des quêtes spéciales qui permettent de débloquer au fur et à mesure du contenu, permettant par exemple de réaliser des quêtes de mandat, de débloquer votre monture au niveau 20 ou encore d’accéder au casino rempli de mini-jeux du Gold Saucer, vous avez des créatures à chasser par le bestiaire, des quêtes secondaires à foison que personne ne fait, des quêtes tribales, des quêtes de grande compagnie, et j’en passe, le tout avec pleins de monnaies alternatives pour débloquer du contenu. Il y a toujours quelque chose à faire, si tant est que vous ayez suffisamment de temps disponible. Car le jeu reste un énorme gouffre à temps, même si on y va en ligne droite en ne montant qu’une ou deux classes.

 

Mon avis

 

Final Fantasy XIV : A Realm Reborn a de sérieux arguments à faire valoir. L’histoire, la musique, la direction artistique, la flexibilité des classes et jobs, le contenu riche et solide offrent des moments d’anthologie au joueur qui s’y investit. Mais le soft n’échappe pas à la malédiction des MMO : son monde trop vaste lui joue des tours, avec un rythme en dents de scie qui plombe l’aventure principale du joueur, sans compter les innombrables quêtes génériques lancées à la tête du joueur. Je ne compte plus les heures passer à déambuler d’un donneur de quête à l’autre. L’histoire également est sympathique, mais a beaucoup de moments creux, et il faut du temps pour apprécier les enjeux de l’aventure, surtout pour la partie la plus légendairement ennuyante qui fait la jonction entre A Realm Reborn et Heavensward, qui mettra à mal la patience de beaucoup. Le système de combat est quant à lui plutôt OK, mais dépendra vraiment des classes et jobs choisis. Si vous n’avez pas peur de la répétitivité du titre et du temps qu’il prend pour aller au bout, vous pouvez vous jeter les yeux fermés sur ce titre, en sachant que les défauts sont au fur et à mesure gommés : l’histoire a un meilleur rythme et les jobs obtiennent plus de compétences dans les extensions suivantes. Je note donc ce jeu Patience d’un chocobo sur baston flexible.

 

Prix et abonnement

 

C’est un MMO, il me faut donc parler de l’aspect économique. Le contenu de base et la première extension Heavensward sont accessibles gratuitement, avec comme seule limite l’impossibilité de créer un groupe avec des amis et une limite haute d’argent de 300 000 gils. Si vous souhaitez passer à la caisse, il vous en coûtera 40 euros pour avoir accès à toutes les extensions, avec en prime un abonnement par mois de 13 euros.

 

Conclusion

 

Parmi les big five des MMO que sont World of Warcraft, Guild Wars 2, The Elder Scrolls Online et Black Desert Online, Final Fantasy XIV s’en sort extrêmement bien. Son sauvetage et la qualité de ses extensions en font un des MMO les plus populaires du moment, profitant de l’affaiblissement de World of Warcraft qui a plus de mal en ce moment à renouveler l’intérêt de ses joueurs. Endwalker clôt l’histoire d’A Realm Reborn, laissant aujourd’hui les développeurs libres d’aller dans n’importe quelle direction. Mais ils n’ont même pas besoin de ça quand on voit les mini-jeu du casino virtuel, le roguelite du Palais des Morts, le système musical qui permet de jouer des instruments dans le jeu et de faire des concerts virtuels, et même récemment l’Island Sanctuary qui permet de gérer sa petite île virtuelle avec ses bâtiments à la Animal’s Crossing. La créativité de ses développeurs range ainsi le soft parmi les meilleurs MMO du moment. Reste à voir si cela se maintiendra, dans un secteur qui reste tout de même assez volatile.

 

Liste des RPG :

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