Empires of the Undergrowth (2017) – Le STR des fourmis à la Bernard Werber

Depuis la lecture des Fourmis (1991) de Bernard Werber, j’ai été comme plein d’autres fasciné par ces insectes étranges que sont les fourmis, unis autour d’une reine, et réalisant des tas d’actions collectives complexes pour se développer. La stratification sociale et le développement progressif sont deux éléments qui se prêtent assez bien aux jeux de stratégie et de gestion. Ca tombe bien, Empires of the Undergrowth de Slug Disco Studios propose rien de moins que cela.

 

 

Fourmis et jeux vidéos

 

Si on oublie le segment mobile, on compte essentiellement deux softs qui ont tâché d’inaugurer la simulation de colonies de fourmis. On retrouve ainsi Maxis, qu’on connait bien pour toutes sortes de simulations depuis le premier SimCity (1989). SimAnt (1991) propose ainsi de conquérir un terrain en contrôlant une fourmi, en cherchant de la nourriture, en combattant d’autres adversaires et en laissant des phéromones pour automatiser en partie la collecte et la baston avec les autres fourmis de la colonie. Le deuxième soft se retrouve chez les Français de Microid, qu’on connait plutôt avec le jeu d’aventure L’Amerzone (1999), avec Les Fourmis, directement inspirés de l’œuvre de Bernard Werber. Vous gérez ainsi les priorités de votre colonie avec le recrutement d’unités, la création de salles, et menez vos fourmis-soldats à la bataille. Comme vous le voyez, la concurrence n’est pas rude. Empires of the Undergrowth vient ainsi tirer son épingle du jeu en 2017 en early access, et continue encore de s’étendre à ce jour.

 

En avant !

 

On démarre ainsi dans le formicarium et plus ou moins dans chaque scénario de la campagne ou des missions libres par une reine et une poignée d’ouvrières. L’objectif principal sera évidemment de trouver de la nourriture, pour nourrir la reine et la colonie. Pour cela, il faudra partir à la surface, au contact de tous les dangers, ou creuser en direction des points verts sous terre pour trouver les larves et les morceaux de nourriture. Cette nourriture va permettre de poser des cases de couve pour les œufs pondus par la reine, généralement divisée entre les ouvrières, qui vont s’occuper des tâches de collecte et de construction, et les soldates, qui vont pouvoir explorer et se défendre contre toutes les vilaines entités qui viendront vous chercher des noises. Les cases liées entre elles forment des groupes de fourmis, que vous pouvez ensuite répartir dans les différents groupes de contrôle, ce qui vous permet de planifier les directions dans lesquelles envoyer les groupes de fourmis en posant sur la carte des phéromones. Les fourmis concernées suivent ainsi la trace en combattant et ramassant la nourriture sur le chemin, sauf si vous les empêchez de réaliser l’une ou l’autre des actions. Cette gestion organique rend votre colonie vivante et toujours en mouvement.

 

Stratification sociale

 

En-dehors des cases de couve, vous pouvez aussi faire des stocks de nourriture, des cases d’accélération pour vos fourmis, et surtout améliorer vos cases existantes. Les cases doivent être entourés d’autres cases améliorées au niveau 2 pour arriver au niveau 3, le niveau maximum. Mais il faut équilibrer le nombre de fourmis, qui devront être suffisamment nombreuses pour collecter plus de ressources et submerger les adversaires, et suffisamment fortes pour résister plus longtemps et débloquer des compétences spéciales. Une case de fourmi soldate niveau 3 coûte le prix de trois cases de fourmis soldates de niveau 1 et celui de 7 cases de fourmis ouvrières…  Pour réussir les différents challenges, il faut être suffisamment rapide pour récupérer la nourriture et constituer des groupes, et arriver à équilibrer votre effort entre la défense de points névralgiques comme des fermes de pucerons, la récupération de la nourriture dans les stocks de surface pour vite augmenter le nombre ou la puissance de vos fourmis, et l’attention aux vilaines bêtes qui rôdent, des coccinelles aux coléoptères, bien plus costauds que vos fourmis et nécessitant un effort de groupe pour les mettre à bas. Mention spéciale aux araignées, extrêmement rapides et meurtrières, mais aussi terrifiantes.

 

Fourmis de choix

 

Dans vos choix, vous aurez ainsi l’équilibre entre ouvrier et soldat, mais aussi accès en fonction du scénario et de la race de fourmi jouée à des unités supplémentaires, comme les fourmis lanceurs d’acide formique ou les fourmis à grosse tête. On compte à ce jour cinq races jouables, des fourmis noires basiques aux fourmis de feu qui peuvent faire éclore plusieurs soldats sur la même case de couve, en passant par les fourmis coupe-feuille qui ont un système de collecte de nourriture à part : elles doivent ainsi récupérer de la nourriture en coupant des feuilles, en les stockant, en les utilisant sur des cases de couve pour produire de la nourriture et en rejetant les restes dans un dépotoir. Chaque race de fourmi, et globalement chaque proie ou ennemi rencontré, fait l’objet de présentation d’un narrateur à la voix placide qui nous donne les noms latins et commente ce qu’il se passe dans la colonie, notamment si votre colonie est en danger ou comment le scénario fonctionne. Cela rompt en partie la musique calme et aérienne, et la musique stressante des phases d’action, mêlant piano, cuivres et son d’ambiance, et qui se révèle très agréable en appui de l’action, en plus d’être varié puisqu’inhérente à chaque scénario : sur leur chaine YouTube, les développeurs ont ainsi précisé que les musiques sont générés avec des banques de sons et s’adaptent aux scénarios. Graphiquement, le tout est correct : on reconnait la masse grouillante des fourmis et la terreur des grosses bestioles qui vont les menacer. On note quand même qu’il faut aimer l’aspect grouillant quand vos fourmis assaillent des coléoptères pour le découper et ramener la nourriture dans la colonie.

 

Mon avis

 

Empires of the Undergrowth est un soft efficace. Avec peu d’options différentes de construction ou de choix de fourmis, et avec uniquement la nourriture et le nombre, il réussit pourtant à nous faire peser de lourdes décisions pour l’avenir d’une colonie de fourmis avec des scénarios aux objectifs variés, allant d’une marée montante à une invasion de fourmis esclavagistes. Je suis un peu moins convaincu par la campagne du formicarium, qui consiste juste à enchainer les scénarios pour monter votre colonie et résister à des vagues d’adversaires. Je note donc ce jeu masse grouillante sur Bernard Werber.

 

Conclusion

 

En early-access, Empires of the Undergrowth a pourtant suffisamment de contenu pour vous occuper une bonne dizaine d’heures, et rajoute régulièrement de nouveaux scénarios et de nouvelles espèces de fourmis jouables. C’est un jeu de stratégie en temps réel original, qui ravira les entomologistes en herbe.

 

Liste des jeux vidéos du site.

 

Liste des jeux de stratégie en temps réel (STR) :

 

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