Eiyuden Chronicle : Rising (2022) – En attendant la suite de Suikoden

A l’origine d’Eiyduen Chronicle : Rising, il y a une promesse, celle d’offrir une succession spirituelle à la série de JRPG Suikoden (1995-2006). Un kickstarter réussi plus tard en 2020 par les Japonais de Rabbit & Bear Studio, Eiyuden Chronicle : Hundred Heroes s’annonce pour 2023. Pour faire patienter les fans, Eiyuden Chronicle : Rising est sorti : s’il propose un monde commun peuplé d’humains et d’espèces anthropomorphes, avec une esthétique pixel-art colorée charmante, le gameplay et l’aventure proposés n’ont rien à voir avec le futur projet, laissant la partie RPG au tour par tour et intrigue profonde de côté pour une expérience relaxante mêlant quêtes de collecte de ressources génériques et action en vue de côté. Voyons cela.

 

 

Les origines

 

On le sait, Suikoden est un JRPG avec cinq opus principaux parus entre 1995 et 2006, inspirés du roman d’aventure classique chinois du XIVe siècle, Au bord de l’eau, qui conte la destinée de 108 bandits en révolte contre l’ordre établi. Les Suikoden, notamment les deux premiers, sont réputés comme ayant une très bonne histoire, avec tout ce qui fait le sel des JRPG, à savoir des combats au tour par tour contre des monstres, mais aussi des duels et des batailles entre des armées pendant que vous combattez l’ordre en place. Malheureusement, la série n’a jamais eu le succès commercial escompté, en dépit de l’aura de la série. Le kickstarter de 2020 vise ainsi à proposer une suite spirituelle à la série, avec tous les éléments évoqués. Mais comme avant-goût, Rising sort complètement de l’objectif final.

 

Ville colorée

 

Entendons-nous clairement, la direction artistique est clairement réussie. Le style pixel-art est charmant, notamment avec le décor en fond pour donner un peu de profondeur de champ, le tout est très coloré, et la musique, si elle est plutôt répétitive, est de bonne facture et reste facilement en tête. L’histoire est assez basique : une petite ville, une jeune aventurière qui cherche des trésors et qui rencontre deux compagnons de voyage dans le but de pouvoir revenir chez les siens, et un mystérieux adversaire à combattre. L’intrigue repose essentiellement sur une série de quêtes principales et annexes qui consistent à récupérer des ressources, à gérer les problèmes des habitants, et à faire construire divers établissements en ville. Le tout repose sur du farming de ressources et le fait d’aller d’un point A à un point B sans aucun rebondissement.

 

La partie town-building n’est d’ailleurs pas si satisfaisante : si on débloque des pans de la ville et qu’on fait construire des boutiques, il n’y aura aucune surprise, ni lieu visitable, ni grosse amélioration une fois la construction faite. Les quêtes secondaires apportent seulement des tampons, qui permettent d’améliorer la ville et de changer la musique d’ambiance, tout en permettant de débloquer du meilleur équipement dans chaque boutique. Ce sera surtout l’occasion d’avoir un poil plus de monde dans les rues. Au niveau des boutiques, vous aurez un peu de tout : améliorations d’armes et d’armures, vente d’objets ou de ressources, bains journaliers et nourriture pour améliorer une caractéristique de vos personnages à chaque journée et j’en passe. En effet, vos personnages ne se soignent pas naturellement, pour les soigner à 100%, il faut les faire dormir, ce qui fait perdre les bonus de bains et de nourriture : rassurez-vous, le jeu est plutôt facile, et il y a de nombreuses fois où j’ai enchainé les différents biomes sans repos.

 

Combos de persos

 

La partie action est assez rythmée. En vue de côté, vous jouez trois personnages différents, chacun avec ses particularités : CJ aura des attaques rapides et un dash, et s’améliorera avec des attaques aériennes et des combos plus long, Garoo a une arme puissante mais lente, peut bloquer, et débloquera des sauts chargés et des combos un poil plus longs, et Isha lancera des boules magiques et se téléportera sur une courte distance, avec des améliorations pour augmenter le nombre de tirs avant rechargement. La petite particularité est que vous changez de personnage à la volée, en appuyant sur leur touche d’attaque. Une fois en jeu, vous pouvez réaliser vos attaques ou votre capacité spéciale, en plus de placer sur vous divers équipements et notamment des runes vous rendant fort ou faible contre les différents types d’ennemis. Par ailleurs, si vous appuyez au bon moment, vous pouvez réaliser des combos en changeant de personnage pour augmenter drastiquement vos dégâts : en passant de l’un à l’autre des personnages, vous enchainerez ainsi le même ennemi pour multiplier ses sources de dégâts. Le combo a ensuite besoin de se recharger avant de pouvoir se relancer, même si vous pouvez toujours pendant ce laps de temps changer de personnage. Ces combos permettent d’enlever le petit temps de latence de changement de personnage.

 

Au niveau des ennemis, la variété n’est pas forcément de mise : vous retrouverez en boucle les mêmes types d’ennemis, allant des espèces volantes, des plantes terrestres, ou des guerriers au sol de différents signes. Il y a quelques patterns à comprendre et éviter, et quelques ennemis à comprendre : les mages avec boucliers seront vulnérables à Isha, tandis que les boucliers seront à enlever avec Garoo. Ca reste dynamique, avec plein de dégâts qui s’affichent à l’écran, et une bonne réponse si ce n’est le temps de latence parfois un peu lourd, surtout pour passer d’un personnage à un autre pour parer une attaque ou en renvoyer une, et surtout les effets reçus qui sont insupportables : être brûlé ou électrocuté vous fait des dégâts en boucle et bloque le personnage actuel pendant un petit temps, tandis que la glace vous fige carrément quelques secondes sur place, de quoi stopper un peu artificiellement un combat et de forcer le joueur à temporiser, ce qui n’est pas forcément ce qu’on demande à un jeu d’action frénétique. Par ailleurs, le combat de début de jeu reste un peu bancal tant que vous n’avez pas débloqué des améliorations d’armes ou d’armure qui permettent par exemple à CJ de taper vers le haut.

 

Farming

 

Tout est joli, mignon, coloré, même les dialogues un peu enfantins, et on finit par se prêter au jeu de l’histoire, qui se laisse suivre sans trop de rebondissement. Elles consistent globalement à avancer dans les cinq biomes principaux, avec leurs types de matériels à récupérer et leurs propres ennemis lâchant leurs propres items. Le farming n’a pas besoin d’être intensif : un petit passage par-ci et par-là dans des zones sur lesquelles vous êtes déjà passées suffisent à avoir l’essentiel des ressources qui vous seront utiles pour améliorer vos armes et vos armures avec des compétences qui vous changent la vie, ou bien également pour améliorer leurs caractéristiques, sans parler des outils de farm. Le vrai problème sera l’argent, très peu présent dans les biomes, et surtout donnés à travers les quêtes d’amélioration des bâtiments, ce qui a rendu la deuxième moitié du jeu un peu plus creuse que la première.

 

Au niveau des multiples quêtes secondaires, le bât blesse : certes, avoir de plus en plus de tampons et améliorer les boutiques est appréciable, mais pour ce faire, vous aurez : des quêtes consistant à parler à deux personnes situées à deux endroits différents de la ville, celles où il faut récupérer un objet spécifique dans un des biomes, celles où il faut ramener des ressources spécifiques, et c’est à peu près tout, en boucle. Avec la DA et la musique sympathique, on ne voit pas le temps passer, mais on finit par passer beaucoup trop de temps en ville à aller de donneurs de quête en donneurs de quête ainsi que pour les rendre. Après, le jeu en vaut clairement la chandelle : cela permet d’avoir de l’argent, d’améliorer les boutiques et donc d’avoir armes, armures et compétences au niveau.

 

Mon avis

 

Vous le sentez, l’expérience est mitigée. D’un côté, vous avez un jeu coloré, mignon, dans lequel on est transporté par la direction artistique et une action sympathique permettant de permuter de personnages à la volée et de réaliser divers combos, de l’autre côté le remplissage abusif de quêtes secondaires qui se ressemblent toutes avec des mots différents et la faible variété d’adversaires rendent l’expérience un peu poussive, d’autant plus quand on manque d’argent. Et pourtant, on y revient, parce que c’est une cure de mignonnerie et d’un jeu qui ne se prend pas la tête, consistant à ramener l’enfant à son père, ou pêcher un poisson en appuyant sur des boutons, ou ramasser dans un biome des herbes médicinales en tapant des monstres un poil plus fort, tout en voyant l’optimisme de CJ, le flegmatisme de Garoo et la neutralité d’Isha qui font ressortir les caractères des uns et des autres dans les dialogues enfantins. C’est une expérience tranquille d’une dizaine d’heures, et pour son prix de 15 euros et son statut de jeu compagnon, il n’y avait pas à attendre davantage : je note donc ce jeu combo tonitruant sur gelée de magma.

 

Conclusion

 

Pour son petit prix, Eiyuden Chronicle : Rising propose une jolie expérience un peu trop répétitive, qui séduira surtout les esprits complétionnistes, mais aussi ceux qui veulent une petite expérience tranquille avec un zeste d’action. Reste que cette mise en bouche ne doit pas faire oublier le vrai objectif : trouver le successeur de Suikoden l’an prochain. Et vu la qualité de la direction artistique du titre, on a déjà hâte de toucher à des combats tactiques et une histoire plus profonde.

 

Liste des RPG :

 

Liste des jeux vidéos du site.

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