Les comics de super-héros (1938 à aujourd’hui) : de la BD au multimédia (Marvel, DC, …)

La bande-dessinée américaine, ou comics, ne date pas d’hier. Les comic strips de la fin du XIXe siècle paraissent ainsi dans la presse pour quelques cases afin de provoquer l’humour ou de créer une aventure sur plusieurs numéros. Si divers périodiques commencent à essaimer dans les années 30, débutant ainsi l’âge d’or des comics, ils sont vite réputés pour leurs super-héros et deux sociétés vont se distinguer. D’un côté, la National Comics Publications, avec Superman, Batman, Wonder Woman, et de l’autre, Timely Comics, avec le Human Torch, le Submariner et Captain America. Vous connaissez sûrement mieux ces deux sociétés sous leur nom d’aujourd’hui, à savoir DC Comics et Marvel. Mais alors, c’est quoi un comics de super-héros, et pourquoi on en entend parler partout aujourd’hui ? C’est ce que nous allons voir dans ce nouvel épisode d’En Bref, qui résume le jeu vidéo, mais pas que.

 

 

C’est quoi un héros ?

 

La première question, et pas des moindres, est de savoir ce qu’est un superhéros, et pour y arriver, il faut d’abord comprendre la notion de héros. Ces personnages, réels ou fictifs, tirés d’hagiographies historiques ou de récits mythologiques, réalisent des hauts faits et possèdent des caractéristiques physiques et spirituelles supérieures à celles des autres hommes, avec la présence ou non de pouvoirs spéciaux, de Gilgamesh triomphant de puissants monstres aux récits historiques louant les conquêtes d’Alexandre le Grand. Bien sûr, le héros est aussi arrivé dans notre quotidien lorsqu’il s’agit de louer le comportement exemplaire d’un de nos concitoyens. Mais alors, quoi de plus fort qu’un héros ?

 

C’est quoi un superhéros ?

 

Le personnage du superhéros est quant à lui un archétype de fiction, désignant un personnage doté de super-pouvoirs faisant de lui un héros, et qui se double souvent d’un justicier, vêtu d’un costume et qui se bat pour le bien commun, à l’image de Zorro, créé en 1919. Si le mot superhéros apparait en 1899, on voit bien la filiation avec les héros, même s’il s’agit cette fois de fiction et non plus d’histoire. Les comics américains vont s’en emparer à la fin des années 30 et en faire leur marotte, si bien que lorsqu’on parle de comics américain, on imagine souvent ceux de superhéros.

 

C’est quoi un comics ?

 

On en arrive évidemment à parler bande dessinée. Le comics strip étatsunien apparait au XIXe siècle et fait florès dans la presse, avec de la bande dessinée humoristique ou des aventures qui se lisent de numéros en numéros. C’est dans les années 30 que les premières publications indépendantes des journaux apparaissent, les comics book, de petits fascicules d’une trentaine de pages, aussi reconnaissables qu’une bande dessinée européenne ou qu’un manga japonais. Il s’agit au départ de florilège de comics déjà parus, mais les premières histoires originales commencent à apparaitre. Parmi les éditeurs de comics, deux acteurs majeurs apparaissent : Detective Comics Publications et Timely Comics, connus plus tard sous le nom de DC et de Marvel, et qui vont contribuer à façonner deux univers de superhéros.

 

L’âge d’or

 

Entre la fin des années 30 et les années 50, on est dans l’âge d’or du comics book. Detective Comics Publications, qui devient National Allied Publications, propose Superman, l’ultime américain, Batman, l’enquêteur puis père protecteur de Robin, Wonder Woman et bien d’autres. Timely Comics de son côté propose la Torche Humain, le Submariner et Captain America. Dès les années 40, avant même l’entrée en guerre des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, les superhéros combattent déjà les Nazis. La large diffusion des comics jusqu’aux Gis eux-mêmes pendant les campagnes militaires montre le triomphe de ces publications. Le retour à la paix est plus difficile, et le comics va traverser une longue crise, accusé notamment d’être à l’origine de la perversion de la jeunesse avec la création en 1954 du Comics Code Authority, une entité chargé de vérifier toutes les publications de comics pour les accréditer en fonction d’un cahier des charges plutôt puritain. Quant au comics de super-héros, il tombe en désuétude au profit d’autres genres et univers.

 

Une histoire d’âges

 

Evidemment, l’histoire ne s’arrête pas là. L’âge d’argent voit le retour en force du comics book, et notamment de superhéros. La Justice League de DC est formée en 1960, en regroupant les principaux superhéros créés par la société, tandis que Marvel se lance dans la danse avec les Quatre Fantastiques (1961) suivis par les Avengers et les X-Men (1963), sans oublier bien sûr les aventures individuelles des différents héros. Les superhéros sont modernisés à travers leur doute, leur questionnement et leur rapport à la société, et la magie laisse la place à la science-fiction. Suit ainsi l’âge de bronze du comics, avec des histoires plus sombres, des phénomènes sociaux plus marqués, les questions de la drogue, du racisme et de l’homosexualité avec l’allègement des guidelines du Comics Code Authority. Les titres divers et variés continuent d’essaimer dans l’horreur, la science-fiction ou enore le post-apocalyptique, jusqu’à l’âge moderne. Pour les comics de superhéros, les aventures continuent, culminant parfois avec des événements cataclysmiques, des univers alternatifs et des reboots de personnages.. En 2019 pour les comics books américains, Marvel et DC Comics ont encore l’essentiel des parts de marché, avec 40% pour le premier et 30% pour le second.

 

Univers dérivé

 

Pour terminer ce tour d’horizon, je ne peux pas ne pas mentionner l’intertextualité. Les  comics dans chaque univers se référencent ainsi tous entre eux, formant les univers étendus DC et Marvel : les super-héros se retrouvent dans leurs publications respectives, chez les autres et même dans des événements massifs comme le crossover Secret Wars des années 80. Les adaptations ont aussi suivi cette voie, à l’image du très connu Marvel Cinematic Universe débutée en 2008 avec aujourd’hui une trentaine de films et plus de 26 milliards de dollars de recettes en box-office avec des super-héros aux aventures individuelles ou collectives. Récemment, les deux derniers jeux vidéos Spider-Man parus en 2018 et 2020 ont atteint 33 millions d’exemplaires vendus, et je ne parle pas non plus de toutes les séries, jouets et autres produits dérivés. Les superhéros font donc intégralement partie de la pop-culture, à tous les niveaux.

 

Conclusion

 

Avec plus de 80 ans d’existence, le comics américain de superhéros est encore une puissante industrie du divertissement, et malgré sa relative perte de vitesse, sa culture se diffuse encore plus largement par d’autres mediums, du jeu vidéo au film, portés par les deux grands que sont Marvel et DC, mais pas seulement, comme en témoigne la popularité récente de la série trash The Boys, mettant en scène la transformation des super-anti-héros violents et cyniques. Le superhéros est ainsi encore en 2023 un véritable phénomène culturel.

 

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