Wargame opératif à la française – Cauldrons of War : Stalingrad (2021)

Sous le nom de scène (vidéoludique) de Maestro Cinetik, ex-Tguyon, se cache un développeur français passionné d’histoire, aux différents projets s’intéressant à la Guerre Froide, au FBI, et tout récemment à la Seconde Guerre mondiale. A l’occasion de la deuxième partie de son projet Cauldrons of War, qui adapte le front de l’est de la Seconde Guerre mondiale dans un wargame opératif, nous vous proposons une petite rétrospective sur les jeux proposés par le bonhomme, qu’il nous fait régulièrement essayer.

 

 

I. Une ludothèque garnie

 

Après avoir développé une poignée de ludiciels, il propose en 2014 Cold War, un jeu de stratégie au tour par tour qui permet de s’immerger dans la période troublée de la Guerre Froide, pour avancer ses pions sur la scène internationale tout en évitant une guerre nucléaire. La dernière version, Cold War 2 (2017), est régulièrement mise à jour et est disponible gratuitement par navigateur. Elle associe un certain nombre de scénarios, répartis temporellement, et propose de contrôler les Etats-Unis, l’URSS, mais aussi la France et la Chine. Dans le cas des deux Grands, il s’agit de propager la bonne parole idéologique en maintenant des relations privilégiées avec les différents pays du monde grâce à des aides économiques ou militaires, qui appuient l’Etat, des traités si vous avez suffisamment de bonnes relations, à moins que vous ne préfériez soutenir des guérillas ou des mouvements d’opposition…  Il y a beaucoup de variables à gérer, et des événements historiques (ou uchroniques si vous cochez l’option) viendront pimenter la partie. En cas de menace de conflit ouvert, il s’agit de négocier avec le Grand pour éviter une déflagration : il faut ainsi user de la négociation et de la menace à bon escient, et prier pour que l’adversaire plie avant vous. Le soft est très efficace, il se laisse prendre en main aisément, et il est facile de se laisser aller à tester des alliances improbables et des combinaisons d’action. La carte et l’interface sont plutôt claires, malgré tout, le grand nombre d’options pour chacun des pays peut effrayer le néophyte, qui verra avec la pratique que tout cela s’enchaine finalement plutôt bien.

 

Dans Cold War 2, les possibilités d’influer sur la scène internationale sont bonnes à prendre, avec un certain nombre d’actions à réaliser par tour pour pousser les pays à rejoindre votre camp sur la carte du monde. Gare aux risques d’escalade !

 

Son second gros jeu, commercial cette fois, Jey’s Empire (2019), mélange jeu de rôle, en contrôlant le controversé premier patron du FBI dans divers déboires personnels, et jeu de stratégie où il faut arriver à répartir ses agents dans les différents Etats pour démanteler les cellules de bandits et résoudre les crimes, en évitant tout scandale compromettant. L’aspect graphique est plutôt bien rendu, les différents écrans étant présentés sous forme de petits journaux. On répartit les agents dans chacun des Etats pour les faire travailler sur différentes affaires de plus ou moins grande importance. Dans chacune d’elle, en échange d’agents et de temps, vous pouvez faire avancer des paramètres aussi différents que la filature ou la mise en place d’un agent double dans l’organisation. Une fois à 100%, il est temps de faire appel aux forces de police et de coffrer définitivement les criminels, qui peuvent être aussi bien des membres de la mafia que du Ku Klux Klan (KKK). Hoover doit aussi gérer des crises « personnelles », et doit maintenir son sang-froid comme sa santé mentale, ce qui ne sera pas toujours une mince affaire. Malgré tout, peut-être plus que dans Cold War 2, le toujours très grand nombre d’actions pour le joueur découragera le nouveau-venu, s’il n’est pas venu préparé à affronter au fur et à mesure les différentes menaces.

Sur la carte des Etats-Unis, chaque Etat a son lot de problèmes, et c’est à vous d’affecter dans Jey’s Empire vos agents avec une grande variété d’actions disponibles pour vous occuper du crime à chaque tour, et de temps en temps des petits problèmes du patron du FBI, qui doit gérer des paramètres plus personnels pour ne pas vous faire perdre la partie.

 

II. Seconde Guerre mondiale et barbarie

 

Dans son dernier jeu, Cauldrons of War : Barbarossa (2020) et Stalingrad (2021), Maestro Cinetik change de fusil d’épaule pour endosser l’uniforme des troupes allemandes ou soviétique entre 1941 et 1943. L’échelon qu’il décide de sélectionner est l’échelon opératif. Si la tactique s’occupe du champ de bataille et la stratégie de la conduite de la guerre, les penseurs (dont nous reparlons ici) ont évoqué la présence d’un échelon intermédiaire, s’intéressant aux manœuvres des armées. Ici, vous pilotez donc différents quartiers généraux, chacun d’eux a des points de commandement, de la logistique, des avions, et surtout des unités répartis en armées, bataillons, détachements, qu’ils peuvent affecter et activer sur un des fronts. Ces fronts peuvent être statiques, ou transformées en opérations, et chacune des actions permettra de faire évoluer la jauge pour si possible repousser l’adversaire, et avancer dans votre offensive. Pour compléter, différents événements historiques viendront émailler la partie, et pousseront à prendre quelques décisions pour de menus gains, ou pour apporter des points de barbarie sensibles à la violence historique des combats et des exactions.

 

La représentation de la carte est bien réalisée : on voit bien les quartiers-généraux, les points de commandement restants, et les fronts représentés par différentes flèches. Ici, je dois tâcher de prendre Kharkov, mais les Allemands tiennent bon !

 

Les unités, qui forment quant à elles le nerf de la guerre, ont un certain nombre de paramètres, dont la cohésion, l’expérience du général, le nombre de canons qui peuvent servir d’armes antiaériennes ou bombarder les troupes adverses, d’infanterie, de chars, et leur état de ravitaillement en munitions et carburant, qu’il faut gérer avant d’imaginer les employer dans quelque combat que ce soit. Grâce à vos points de commandement pour la partie d’un QG, vous pouvez réaliser un certain nombre d’actions : obtenir la supériorité aérienne pour pouvoir bombarder vos adversaires, monter vos unités sur toute la largeur du front sélectionné, les faire charger, se retrancher, les reformer, les affecter à d’autres opérations, ou réaliser des actions spécifiques comme les percées pour les colonnes blindées. Tous ces paramètres offensifs et défensifs doivent servir à remplir les objectifs des scénarii proposés. Par ailleurs, au fur et à mesure que le combat s’engage, les unités auront différents modificateurs, qui sont rarement bon signe, qu’elles soient isolées, en retraite, éreintées, etc. Il faudra donc arriver à gérer l’ensemble de ces paramètres, concentrer vos efforts face à des points de commandement toujours trop faibles, vous occuper de la couverture aérienne, et faire attention au ravitaillement qu’il soit par route, par train ou par vecteur aérien, pour arriver à remplir les objectifs parfois complexes à réaliser.

 

Une unité a sa fiche d’unité à gauche avec toutes les informations dont j’ai pu vous parler, et notamment de sa cohésion représentée par des coeurs et qui sera le coeur du jeu, et peut réaliser un certain nombre d’actions, pour se reformer ou déborder l’adversaire.

 

Conclusion

 

Maestro Cinetik produit des systèmes de jeu robustes. Si Cold War 2 et Jey’s Empire sont plutôt complexes dans toutes les possibilités offertes aux joueurs, la série Cauldrons of War place davantage sa complexité dans les enchainements d’action à réaliser. L’organisation en fronts est efficace, le degré d’abstraction proposé rend le tout agréable à jouer, et le challenge sera finalement de savoir comment faire interagir vos unités et vos lignes d’opération. Les deux softs sont ainsi très faciles à prendre en main, mais nécessiteront quand même un passage par le tutoriel et par les différentes aides de jeu pour appréhender l’ensemble des actions faisables. Par ailleurs, ces deux softs sont vendus individuellement à une poignée d’euros, en apportant des scénarii qui devraient vous occuper plusieurs heures pour certains. On lui souhaite donc de continuer dans cette voie vidéoludique.

 

Liste des jeux vidéos du site.

 

Liste des wargames :

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