Jade, reporter de guerre – Beyond Good & Evil (2003)

En 2003, le studio Ubisoft Montpellier sort Beyond Good & Evil avec un certain Michel Ancel à la direction, au design et au scénario, un jeu d’action-aventure dans un monde de science-fiction. Encensé par la critique, le jeu s’est pourtant très mal vendu, et la trilogie imaginée par son auteur n’a pour le moment pas vu le jour. Découvrons de quoi il retourne afin de comprendre pourquoi sa suite est encore aujourd’hui très attendue par les joueurs.

 

I. Les Français d’Ubisoft

 

Vous connaissez Ubisoft ? Pour ceux qui dorment au fond, c’est une boite française de développement et d’édition de jeux vidéos, ouverte en 1986 par cinq frères, les Guillemot. Accessoirement, elle fait partie du top 5 des industries vidéoludiques mondiales, avec des filiales du Canada à Singapour en passant par Montpellier. Au début des années 2000, la boite se porte bien dans l’édition, avec des jeux dont nous avons déjà parlé : Battle Isle, The Settlers mais aussi Tom Clancy’s Rainbow Six, avant le rachat du studio fondé par l’auteur Tom Clancy, Red Storm Entertainment.

 


Un autre jeu de Michel Ancel, le deuxième opus de Rayman, paru en 1999, où le délirant personnage doit sauver ses congénères des pirates.

 

Mais il s’agit aussi de développement, avec des séries marquantes comme la trilogie Rayman (1995-2003), Tom Clancy’s Splinter Cell (2002) ou encore Prince of Persia : les Sables du Temps (2003). Le papa des Rayman, un certain Michel Ancel, se retrouve à cette époque aux commandes d’un jeu d’action-aventure ambitieux, censé se prolonger en trilogie, j’ai nommé Beyond Good & Evil. Lors de sa sortie, il est nominé pour de nombreux prix sur ses graphismes, son scénario, ou encore sa bande originale. Voyons pourquoi.

 

II. Une planète assiégée

 

Vous dirigez Jade, une jeune reporter indépendante qui n’a pas froid aux yeux, et qui vit sur Hyllis, une planète assiégée et attaquée régulièrement par de cruels ennemis extraterrestres, les DomZ. Elle se charge avec son acolyte, un homme-porc, de protéger des orphelins de guerre dans un phare. Dans ce monde militarisé, les attaques sont fréquentes, les gens sont à cran, et un régime militaire est mis en place, maintenu par les sections alpha, l’élite de l’armée. Pourtant, des enlèvements ont lieu régulièrement, et un groupe révolutionnaire, Iris, pointe du doigt le gouvernement pour son inaction voire sa collaboration avec l’ennemi. En tant que reporter, Jade va mettre le doigt avec son appareil photo sur la vérité au fur et à mesure de l’histoire.

 


Les combats sont agréables et se prennent bien en main.

 

Le pitch est original, le scénario est bien écrit, quoiqu’un peu court et avec une fin abrupte laissant envisager une suite comme il était prévu, et surtout l’univers est cohérent. De votre phare où se retrouvent les enfants dont vous avez la charge, jusqu’à la ville ou aux grottes aménagées par des pillards, vous vous déplacez en aéroglisseur de fortune dans un premier temps, que vous améliorerez avec une monnaie spéciale, les perles, récompenses ultimes de vos actions, tout en accumulant aussi des crédits en travaillant avec un laboratoire en photographiant des animaux rares, dans des courses ou encore dans vos missions.

 


Il s’agit aussi de s’infiltrer, car Jade n’est pas là pour se battre quand elle a le choix de ne pas le faire.

 

Pour réaliser ses reportages, Jade peut compter sur l’exploration des lieux, sur l’infiltration dans les complexes sécurisés en évitant les gardes, sur son intuition pour résoudre de petites énigmes afin de débloquer des voies pour vous et vos acolytes, mais aussi sur son appareil photo et sur un bâton de combat au cas où elle affronterait des bêtes sauvages, des robots ou d’autres créatures. La transition entre ces différentes phases se fait naturellement, et permet de proposer un gameplay varié.

 

III. Reportages sur Hyllis

 

Les éléments sont liés entre eux : vous pouvez vous abonner aux journaux officiels ou officieux, vous devez vous connecter aux machines de vente pour récupérer des objets à l’aide de crédits, vous pouvez utiliser des disques de données ou de sauvegarde dans les consoles dédiées, vous rencontrez sans aucune explication des hommes-porcs ou requins, les gardes allument des boucliers quand ils se battent, votre acolyte fait référence à un manuel du soldat intitulé Carlson et Peeters, etc. Tout est fait pour que le joueur s’immerge dans cet univers avec ses propres règles, son propre peuple, ses propres questions, ses propres problématiques.

 


Les phases en aéroglisseur permettre de partir à la découverte de lieux secrets ou de s’infiltrer dans des complexes sécurisés.

 

Porté par des graphismes assez beaux et avec une série de cinématiques nous montrant bien les émotions des personnages, avec un style oscillant entre le cartoon, la science-fiction et l’onirique, des bases secrètes aux cœurs de montagnes, Beyond Good & Evil affirme une identité visuelle, mais aussi une identité audio et musicale, avec des musiques de très bonne facture, ainsi que des dialogues bien écrits au service de l’histoire et du dévoilement progressif des mystères.

 

Conclusion

 

Réputé pour sa qualité, le jeu a néanmoins deux défauts certains : sa durée de vie, qui avoisine la dizaine d’heures, et sa fin abrupte qui laissait présager en 2003 une suite. Pourtant, malgré le succès critique, le jeu s’est très mal vendu. Suite à ce semi-échec commercial, Michel Ancel s’est mis sur d’autres projets. Il faut attendre 2017, soit quatorze années après, pour une présentation officielle du second opus, et rien n’est encore certain malgré des présentations de gameplay récentes et la question d’une connexion obligatoire pour profiter du jeu, qui semble s’orienter ainsi vers le multijoueur. C’est bien dommage, car on aurait aimé voir la suite des aventures de Jade, de son compère porcin Pey’J, de l’agent d’Iris Double H et de ce monde dans lequel on a évolué. Affaire à suivre.

 

Liste des jeux rétros :

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