Actu Vidéoludique du Captain – 2e trimestre 2018

C’est reparti pour un nouveau trimestre de news engageantes dans le monde de la gestion, de la stratégie, du wargame et de l’histoire (potentiellement), sur fond d’E3. Nous ne reviendrons évidemment pas sur la Paradox Conference 2018, qui a déjà eu son heure de gloire, ni de l’E3, qui mériterait un épisode spécial, mais bien sur nos types de jeux favoris. Les vôtres aussi, si possible.

 

I. La gestion : de Monster Story à Lovecraft

 

Frostpunk est le jeu de gestion le plus givré qui soit sorti ces dernières années. Et ce pour un tas de raisons, notamment par le fait qu’il faille s’occuper d’une colonie d’humains dans une période de grand froid, où l’humanité est pratiquement exterminée, et où vos pauvres gus doivent se retrouver autour de gigantesques centrales à charbon pour ne pas mourir gelés, avec son lot de décisions difficiles à prendre. Avant de choisir si votre société sera structurée autour d’un système dictatorial ou d’une puissante foi, il faudra décider si vous rajoutez des additifs dans vos rations, pour les faire durer au détriment de la santé de vos colons, ou si vous faites travailler les enfants pour avoir plus de bras… Malgré un contenu de seulement trois scénarios et l’absence de mode bac à sable, Frostpunk s’annonce froid et glacial comme ses protagonistes, mais aussi diablement bien huilé : interface efficace, beaux graphismes, événements réguliers venant perturber votre colonie, expéditions à l’extérieur, gestion du moral, de l’espoir, de la santé, des rations. Développé par les indépendants des Polonais de 11 bit studios, qui nous avaient habitués avec This War of Mine (2014) à gérer santé, faim, et dépression d’un groupe de civils apeurés pris dans la tourmente d’une guerre et tâchant de survivre, ce jeu mettra aussi à mal votre émotion.

 

 

Rien à voir avec MachiaVillain, le jeu de découpe de cadavres, de résurrection de zombies, et de pièges à touristes en mode film d’horreur. Développé par Wild Factor, il s’agira, tout comme l’ancienne série Dungeon Keeper (1997-1999), de jouer les méchants. Ceux qui préparent des pièces pour des monstres, les chouchoutent, avant de les envoyer castagner de pauvres hères. Et l’économie résidera dans cet équilibre entre publicités pour faire venir des gens, économie de la découpe de pauvres humains, gestion de la santé et des besoins des monstres divers, quelques sorts pour transformer de pauvres humains ou améliorer vos terribles sbires, et puis tout simplement la construction d’ateliers, de laboratoires, de maisons pour vos chouchous, avec des ressources à récolter et stocker. Parce que gérer des monstres, c’est aussi ça. Le jeu se paie le luxe d’être bourré d’humour et plutôt mignon, malgré plusieurs soucis de finition.

 

 

Qu’a donc fait Frontier Developments ? Après un Planet Coaster (2016) assez réussi, reprenant la recette des Theme Park (1994) et autres RollerCoaster Tycoon (1999-2004), ils ont décidé de prendre la suite de Jurassic Park : Operation Genesis (2003) pour aller avec le reboot récent (et médiocre) de la franchise au cinéma. Jurassic World : Evolution nous plonge donc sur des îles. Vous envoyez des explorations pour récolter de l’ADN de dinosaure, vous évoluez dans un arbre technologie divers, vous mettez des enclos, des structures pour accueillir les visiteurs, et placez les dinosaures, que vous devrez bichonner. C’est joli, agréable à l’œil, il y a pas mal de dinosaures, trois divisions à gérer, des missions courtes à réaliser, mais le manque d’ambition est patent. On s’ennuie, l’argent ne manque pas, l’évolution est lente, le pompage d’ADN est progressif, et les visiteurs viennent même après de graves incidents. Gérer les trois branches (sécurité, tourisme, scientifique) devient assez répétitif, et assez peu réaliste quand ceux de sécurité, pas assez bichonnés, sabotent votre parc… Nan mais allo quoi !

 

 

Qui n’aime pas l’œuvre d’H. P. Lovecraft ? Le fantastique, les cultes secrets, l’horreur. Outre les adaptations à la Call of Cthulhu présentées à l’E3, un jeu de carte mystérieux pointe le bout de son nez avec Cultist Simulator. Développé par Weather Factory, il s’agit d’un mélange hybride entre jeu de cartes et jeu de gestion. Au départ, quelques cartes sont disposées sur la table. Vos compétences, comme le sérieux, l’inventivité, la santé, et quelques actions possibles, comme le travail et le sommeil. Vous mélangez les cartes. Le sérieux sur le travail vous fera chercher un emploi de bureau, alors que l’inventivité vous fera vendre des toiles. Chaque action prend du temps. Le temps avance, vous demandant de l’argent pour le loyer, puis pour vos livres secrets, vos drogues, établir un culte du secret. Vos rêves continuent, se font plus réel. Vous explorez, lisez sur votre temps libre. Les cartes de compétences, de connaissances, se multiplient. Vous commencez à créer un culte, vous recrutez des disciples, développez des pouvoirs occultes, attirez l’attention des enquêteurs. Il y a beaucoup à voir, beaucoup à faire, et le temps n’arrête pas sa course pour vous (sauf si vous faites pause, bien entendu, pour lire tranquillement vos cartes). On s’y croirait.

 

 

Le jeu bucolique de « gestion de vikings dans une situation de rançonnage aggravée et de survie en milieu hostile », Dead in Vinland, a bénéficié d’un test de ma part sur Historia Games et sur mon propre site. Je vous invite à aller les voir, et passe ainsi à la deuxième catégorie.

 

II. Tactique : les petits soldats et les gros mechs

 

Après l’adaptation du jeu de plateau cyberpunk Shadowrun entre 2013 et 2015, les développeurs de Harebrained Schemes ont trouvé un allié de poids pour l’édition de leur nouveau jeu tactique : Paradox Interactive. Reprenant l’univers de Battletech, aussi appelé MechWarrior, développé comme jeu de société en 1984 avec de crouler sous le nombre d’adaptations livresques ou vidéoludiques de son univers, il s’agit ici d’un jeu tactique. Le joueur contrôle un groupe de mercenaires, où il gère les pilotes et leurs compétences, les mechs et leurs améliorations, et les lance dans la baston. Au tour par tour, il faut lancer vos missiles, taper au corps-à-corps, mitrailler vos cibles derrière les obstacles naturels, incapacités les mechs adverses en visant là où il faut, des bras aux jambes, vous casser si le résultat n’a pas l’air à la hauteur des sacrifices. Tendu, le jeu est aussi très LENT. Chaque passage de toru est un supplice, et les mechs sont prêt à avancer et tirer en prenant largement leur TEMPS. Espérons que les développeurs finissent par s’en rendre compte.

 

 

Personne n’attendait le petit Masters of Anima, développé par Passtech Games, les papas de Space Run (2014) qui avait pour originalité de diriger un vaisseau en vue de dessus, auquel il faut rajouter moteur et armes, dans une sorte de tower-defense mobile. Ici, il s’agira plutôt de contrôler un invocateur qui essaie de récupérer sa dulcinée. Il peut accumuler de l’énergie, sortir de terre divers élémentaux aux pouvoirs spéciaux, comme les soldats se protégeant ou les archers tirant à distance, qui le suivent, se déploient sous son ordre, s’améliorent, et le servent de soutien dans ses combats. Plutôt exigeant lorsqu’il faut jongler avec différents groupes, votre personnage, et l’ennemi s’il prépare une attaque massive afin de le contrer à temps, Masters of Anima est un petit jeu rafraichissant, mais qui ne vous fera pas voyager grâce à son scénario et à son style artistique…

 

 

Et un nouveau wargame napoléonien, March to Glory, qui est très accessible au détriment de la profondeur de jeu. Mon test et le test sur Historia Games répondront à vos interrogations. Quant à Field of Glory II, qui a vu le jour l’an dernier et dont nous avons parlé dans un aperçu publié sur mon site comme sur la Gazette du Wargamer, a reçu trois nouvelles extensions. Celle de ce trimestre, Age of Belisarius, se concentre sur l’Empire Byzantin et leurs luttes face aux Parthes notamment. Le test général est disponible sur Historia Games.

 

III. STR : le temps des vikings

 

Les forcenés de violence de Destructive Creations ont décidé de nous livrer un opus moins polémique que le minimaliste Hatred (2015). Ancestors : Legacy est une sorte de Company of Heroes (2006-2013) médiéval, avec des escouades de soldats, des points à capturer sur une carte, des compétences et des vulnérabilités en fonction du type de soldat, et des combats jolis à regarder. La campagne ne brille pas par son sens historique poussé, et le jeu aurait gagné à avoir un peu plus d’unités, de bâtiments et de technologie parmi ses quatre factions à jouer.

 

IV. Creative Assembly et additions

 

Pour ce trimestre, on découvre la passion de Total War pour les zones plus délimitées géographiquement, dans Thrones of Brittania, au détriment d’originalité et de différences substantielles en unités. De l’autre côté, Total War : Warhammer II redécouvre les petites extensions, qui donnent quelques unités supplémentaires et deux seigneurs légendaires aux Hauts-Elfes et aux Elfes Noirs. Le bon Sanctus Reach, qui captait l’esprit du jeu de figurines Warhammer 40K, a pris du galon. Après une campagne Ork et la Garde Impériale, on accueille le Chaos avec Horrors of the Warp. Pour terminer, Order of Battle, une série de wargame commencée en 2015, prend un nouveau DLC. Tout sera expliqué dans un test général sur Historia Games et mon propre site.

 

 

Conclusion

 

Le deuxième épisode trimestriel, presque pas en retard, s’est donc développé sous vos yeux. En espérant qu’il vous aura plu et qu’il vous aura fait lever le nez sur les sorties du trimestre. Bonne route !

 

Editions récentes (2018) :

 

Jeux du second trimestre 2018 :

  • Gestion : Cultist Simulator, Dead in Vinland, Frostpunk, Jurassic World : Evolution, MachiaVillain
  • STR : Ancestors : Legacy
  • Stratégie / Tactique : Total War : Thrones of Brittania, Total War : Warhammer II – The Queen and The Crone
  • Tactique : Battletech, Field of Glory II : Age of Belisarius, Masters of Anima, Sanctus Reach : Horror of the Warp
  • Wargame : March to Glory, Order of Battle WWII

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