A Dance of Fire and Ice (2019) – Le Dark Souls des jeux de rythme

Il y a des jeux de rythme qui enveloppent leur gameplay autour de mini-jeux à la Rhythm Tengoku, qui s’enrobent de contextes variés comme les concerts de rock d’un Guitar Hero, qui utilisent des mouvements du corps comme Beat Saber et sa VR, voire qui transforment le jeu de rythme en incluant d’autres genres, à l’image du récent FPS rythmique Metal : Hellsinger que nous avons testé. Et puis, au milieu de tout ça , il y a A Dance of Fire and Ice de 7Th Beat Games : un bouton pour appuyer en rythme, et deux sphères qui progressent de formes géométriques en formes géométriques dans un niveau musical. Sous ces dehors simplistes se cache un soft simple à prendre en main, et pourtant extrêmement difficile à maitriser. Amis du perfectionnisme musical, bonjour.

 

 

Duel of the sphères

 

A la base, on retrouve l’équipe de 6 derrière 7th Beat Games, qui revendiquent le fait des réaliser des jeux de rythme hardcore. Ils ont déjà œuvré en 2017 avec Rhythm Doctor, où les niveaux vous imposent d’appuyer systématiquement sur le septième temps, avec des tempos tantôt rapides, tantôt lents, tantôt saccadés, et des décors qui font tout pour vous déconcentrer. Vous y faites des sortes de duel avec les battements cardiaques de vos patients. Deux ans plus tard, A Dance of Fire and Ice change le postulat. Désormais, vous vous retrouvez avec deux sphères, qui bougent l’une après l’autre de formes géométriques en formes géométriques. Si au départ, on a des rectangles mis bout à bout, ce qui fait en gros qu’on tape sur chaque temps, on aura progressivement des virages, des formes en triangle ou en losange, et des tempos bien plus rapides. Les formes géométriques deviennent ainsi une vraie partition rythmique, et ce n’est qu’en faisant corps avec le rythme de la musique que vous arriverez au bout des niveaux de plus en plus corsés.

 

Hardcore à mille temps

 

Si vous êtes déjà coutumier des jeux de rythme, les premiers niveaux ne vous effraieront pas. On y apprend les battements à la noire, à la croche, les contretemps, mais très vite, chacun des 12 niveaux de base rajoute des éléments rythmiques qu’on qualifiera facilement d’avancé, des triolets en passant par les croche pointée double, le tout avec de simples formes géométriques, qui n’en sont pas moins redoutables. Simple à comprendre par rapport au langage usuel du solfège, mais très difficile à exécuter en jeu. Vous avez beau avoir un seul bouton, il faudra bien appuyer au bon moment à chaque fois sous peine de devoir recommencer l’entièreté du niveau ou les checkpoints. Dans ce jeu de rythme hardcore, il y a tout de même une excellente fonctionnalité: l’entrainement. Tout comme un vrai morceau de musique, vous pourrez répéter plus lentement les passages qui vous posent problème, à partir du moment où vous êtes déjà passés dessus. C’est souvent l’unique solution pour passer des rythmes infernaux.

 

Parce qu’on ne va pas se mentir, le jeu est extrêmement dur. Les challenges posés par chaque nouveau niveau arrivent à chaque fois à ajouter de la difficulté. Et si vous en revoulez encore, chaque niveau peut se faire en version accéléré, avec un objectif fixé par le jeu, entre 1,1 et 1,5 fois la vitesse du niveau. Si vous pouvez presser n’importe quel bouton de votre clavier, les rythmes et les tempos effrénés vous imposeront vite d’utiliser au moins deux index pour deux boutons différents, afin d’éviter une tendinite. Les 12 niveaux de base laissent aussi leur place à un niveau bonus hardcore, le monde Emumu à deux niveaux + un bonus, un autre monde avec six niveaux qui renouvellent le gameplay avec des éléments intéressants, comme le fait de devoir appuyer sur deux boutons sur certaines cases ou le fait de ne plus voir pendant quelques instants la partition interactive, et le monde ultime composé de trois niveaux qui dépassent encore le seuil de difficulté pourtant déjà bien haut. Les chiffres parlent ainsi d’eux-mêmes : 80% des joueurs ont fini le monde 1, 10% le monde 12, et on descend vite par la suite en-dessous de 5%. Le seul moyen de progresser est en effet de devenir un perfectionniste, qui va refaire en boucle les mêmes niveaux pendant plusieurs heures jusqu’à y arriver, et tout le monde n’est pas prêt à réaliser un tel entrainement, qui m’a d’ailleurs fait penser, toute proportion gardée, à l’entrainement des musiciens.

 

Musicalité

 

Qui dit jeu de rythme dit évidemment rythme, ça on est d’accord, mais donc aussi musique. Et là-dessus, j’ai trouvé la bande-son originale et rafraichissante : on a du jazz, de l’électro, de la dubstep, du rock, des styles bizarres underground, il y a tout ce qu’il faut, et c’est là le vrai moteur de notre envie de terminer le jeu, pour venir à bout de ces musiques entêtantes. Par ailleurs, si vous n’en avez pas assez, le DLC Neo Cosmos (2022) rajoute une poignée de mondes qui mettent en place des fonctionnalités supplémentaires, mais vous avez également tout une bibliothèque de niveaux réalisés par la communauté, dont une partie est même adoubée par l’équipe de développement. Et aussi bizarre que cela puisse paraitre, l’enrobage graphique est aussi adapté à la formule : si le côté hypnotique des deux sphères traversant les niveaux en rythme est bien présent, les développeurs ont rajouté autour moult animations afin de vous déconcentrer un maximum, mais qui font du jeu une expérience singulière, où l’on voit des personnages animés sur des nuages, des rats qui font du dubstep et des cochons volants qui soufflent dans des trompettes.

 

Mon avis

 

Ne vous y trompez, A Dance of Fire and Ice est un jeu de rythme de try-hardeur. Sous ses apparences simplistes se cachent des morceaux de tout horizon et des rythmes challengeants qui réveilleront le musicien en vous, si vous êtes d’accord avec le fait de recommencer en boucle les mêmes niveaux. Celui qui sera PRËT à y passer plus d’une dizaine d’heures découvrira alors que son calvaire ne fait que commencer, face à la masse de niveaux à écumer. Si j’ai passé à peu près huit heures à faire les 12 premiers mondes, la maitrise des niveaux d’après, et je ne les ai pas encore tous fini, m’a emmené à une trentaine d’heures de jeu, le tout pour 5 euros. Si vous aimez les jeux de rythme hardcore, je ne peux que vous le conseiller, mais si ce genre vous allergise, ce n’est pas ce jeu qui vous fera changer d’avis. Je note donc ce jeu Dubstep sur cochons volants.

 

Conclusion

 

ADOFAI n’est pas un jeu de rythme de débutant, mais un jeu de rythme pour ceux qui veulent se challenger et profiter d’une BO intéressante, et je soupçonne même qu’il s’adresse aux musiciens. Ce soft m’a donné envie d’aller voir Rhythm Doctor, et j’attends avec impatience les prochains challenges rythmiques qui seront proposés par le studio.

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